Tous ces éléments sont traités très au sérieux, jusque dans leurs conséquences émotionnelles les plus fines. Quand Charles se demande (attention spoiler ) s’il ne pourra jamais aimer une fille télépathe, avec toute la perte d’intimité que ça implique, c’est parfaitement déchirant. Les pouvoirs magiques, ce n’est pas simple. Le premier amour non plus.
Les personnages sont, à première vue, criminellement stéréotypés. Charles, le fils de poète est sensible et réfléchi ; Touk-E, le lascar africain fils de dictateur est baroudeur et désabusé ; Selma, la fille d’un chef de cartel mexicain est mystérieuse et rude,… Mais c’est exprès : ça s’inscrit dans le jeu des genres de Vincent Villeminot. De plus, ces adolescents ont un cœur et dépassent bien vite les limites des catégories auxquelles ils sont assignés. Ils se disputent, s’aiment, et grandissent. Le travail des dialogues est particulièrement réussi : chaque personnage a une voix, une vraie voix d’ado, qui scintille par contraste dans cette narration au passé simple, classique et élégante.
On dit parfois qu’une des différences entre la littérature de jeunesse et celle des adultes, c’est la porosité des limites entre genres. Un ado lecteur passera sans trop se poser de questions de la SF à la fantasy puis au roman réaliste. L’offre s’en ressent, et les rayons sont moins séparés qu’en adulte. Ça donne lieu à des livres inclassables, comme le Copain de la fille du tueur . Alors hourra pour la littérature de jeunesse ! J’ai hâte d’en lire d’autres.
La taxonomie sélectionnée pose problème. Réessayez ou choissez-en une autre.