Le roman commence en tension, avec plusieurs personnages de milieux haut placés très différents (finance, politique, droit) recevant des menaces portant à croire que leurs enfants sont en danger. Le doute est inséminé, jusqu’à ce que les menaces soient portées à exécution et que des doigts ou mains sectionnés leur soient envoyés. Pourtant, le doute subsiste. La génétique révèle que l’ADN correspond en tout point à celui d’enfants potentiels de ces personnages influents, et pourtant leurs enfants sont là, devant leurs yeux, sains et saufs. Quel est donc ce mystère ? Rien de bien sorcier, si ce n’est quelques notions de biologie… qui soulèveront en retour des questions d’éthique propres à notre ère, pionnière en manipulations embryonnaires.

Le roman, à l’image d’une force globalisante, participe à la rencontre de plusieurs domaines : finance, informatique, politique et projet de loi visant à limiter les liens frauduleux entre mondes financiers et politiques, monde pharmaceutique et essais cliniques risqués dans des pays en voie de développement, et bien sûr médecine. Cette diversité maintient l’attention du lecteur alerte dans un premier temps, appuyée par l’envie de percer à jour le mystère sur lequel les menaces initiales sont basées. Cependant, cette intrigue se dénoue assez facilement au tiers du livre. L’immersion dans les différents domaines, initialement prometteuse, s’avère finalement assez limitée: les sujets sont effleurés à travers quelques explications élémentaires, constituant somme toute peu de découvertes pour un public déjà intéressé par ces sujets. Dans la suite du roman, il s’agira plutôt de percer quelles intrications ont mené à ce projet fou. Car évidemment, pour chapeauter cette opération d’ampleur et constituer la charnière entre tous ces domaines d’influence, quoi de mieux qu’une secte apocalyptique œuvrant à déployer le châtiment final de l’humanité ? Pour mener l’enquête, nous avons d’un côté une agence de détectives privés de pointe et de l’autre le FBI. On l’aura compris, il s’agit d’un thriller cadencé, se lisant rapidement.

Cependant, le rythme devrait être moins rapide lorsqu’il s’agit de s’assurer que l’édition publiée ne contient plus de fautes d’orthographe, de ponctuation ou d’erreurs de mise en page. Ces erreurs fréquentes émaillent la version actuelle, ce qui a fini par m’exaspérer et ralentir ma lecture1 .

Je regrette également l’aspect « cliché » de la psychologisation des personnages. Un enquêteur du FBI un peu bourru, un crack de l’informatique aux allures d’adolescent, chacun accompagné d’une jolie partenaire féminine. Parmi celles-ci, une ancienne journaliste reconvertie en détective, supposément expérimentée dans les enquêtes de terrain, mais qui, une fois en infiltration, avoue avoir presque oublié son nom d’emprunt. Dommage pour ce genre de contradictions.

Un dernier point que je regrette est l’apparition de Donald Trump comme président des États-Unis, seul personnage réel jouant un rôle à part entière dans le roman (quelques autres personnages politiques contemporains sont quant à eux uniquement nommés). Autant cela partait d’une intention d’ancrer l’intrigue de la manière la plus actuelle possible, autant impliquer une personne réelle dans un roman de fiction est toujours risqué, qui plus est avec un personnage si caractéristique. L’imitation de son style de parole n’est d’ailleurs pas réussie, et lui donner un rôle de gestionnaire sérieux d’une crise fictive ne me semble pas approprié au vu de la réalité du personnage et de sa gestion globale au cours des quatre dernières années ‒ sans compter la crise planétaire actuelle, réelle cette fois-ci… gérée  à sa façon bien caractéristique. Avoir recours à un tel personnage sans chercher à retranscrire sa nature clivante ou à apporter un point de vue critique ne m’a donc pas semblé pertinent dans le simple but de donner à la menace un aspect plus réel.

Bilan assez mitigé donc pour ma part, mais certains amateurs de thriller pourraient peut-être y trouver un roman palpitant, tout en tension, lisible d’une traite.