Tout d’abord elles ont grandi, ont bien encaissé la vie de tous côtés, continuent bêtement à le faire, mais ne semblent pas décidées à rentrer dans le rang. Elles emmerdent le monde, sont grossières la plupart du temps, et ont des élans insupportablement castrateurs. L’artiste dessine abondamment, au crayon, mais aussi à l’aiguille et aux fils, un travail de ménagère, dira-t-on, une manière de bien piquer aussi, de traverser le papier et de fixer les choses, de temps en temps quand c’est nécessaire, de rapiécer, comme en temps de guerre une vieille chaussette de l’être aimé. Aurélie William Levaux passe aussi volontiers à la peinture sur papier, en couleurs bien franches qui englobent les sujets les plus pénibles comme une aura éclatante, vibrante. Et comme elle publie fréquemment (La Cinquième Couche, United Dead Artists, Atrabile, Le Dernier Cri, L’Association…) et que ses dessins sont assortis de bulles comme dans les bandes dessinées pour faire genre, et de phrases en regard, elle recourt avec délectation et pugnacité au rouge dans des graphies qui s’affirment ou en tout cas essaient, finalement, pourquoi pas.