critique &
création culturelle

    2017 selon nous (2)

    La rédac’ s’est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l’année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c’est parti.

    La rédac’ s’est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l’année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c’est parti.

    2017 fut une année où des paroles jusque là cadenassées commencèrent à briser leur gangue et à trouver davantage résonance. Bien peu de films vous épluchent à vif : le documentaire I Am not your Negro de Raoul Peck, qui donne à entendre toute l’incandescence de la langue de James Baldwin, est de ceux-là. Le réalisateur, par l’intermédiaire de l’auteur, y revient non seulement sur l’émergence du mouvement des droits civiques et ses grandes balises historiques et humaines mais sur les dérives de la société du spectacle où les oppressions des minorités sont visibles, véhiculées. Le montage est audacieux, assène ses coups sans trop vous laisser le temps de reprendre souffle, n’a pas l’intention de vous prendre par la main : il est plus que jamais vital d’entendre, d’apprendre, de digérer. Plus que jamais urgent de reconnaître ses torts. Le film n’est donc pas uniquement une formidable leçon d’histoire mais de citoyenneté, pour l’ici et maintenant et pour les à venir.

    2. Recomeçar de Tim Bernardes, un disque régénérant

    Faire confiance aux passeurs est un adage qui vaut pour 2017, mais qu’on devrait sans doute adopter à vie. Recomeçar de Tim Bernardes m’a été transmis par Guillaume Stankiewicz – une autre voix d’o(c)r(e) – et il m’accompagne très souvent depuis. Toute l’essence de la bossa nova , cette douceur mélancolique tout sauf mièvre, s’y déploie. Hors-radar, hors-charts, un disque régénérant et miroitant pour quiconque aurait besoin d’une parenthèse cotonneuse hors-temps.

    © Jean Henry

    3. Étrangler le temps + boléro 2 chorégraphiée par Odile Duboc + Boris Charmatz & Emmanuelle Huynh , un moment suspendu

    Double et trouble programmation : dans la pénombre, Emmanuelle Huynh et Boris Charmatz sur un plateau surélevé au milieu du public, vont apprivoiser le temps, l’étirer à leur guise, se servir de la matière imprimée à leur corps par la chorégraphe Odile Duboc dans boléro 2 depuis 1996 et l’emmener ailleurs, dans le souvenir de la représentation. Un moment suspendu, bouleversant et un hommage vibrant à la transmission des gestes.

    4. L’Homme des bois de Pierric Bailly, un livre juste et pudique

    En 2017, on aura beaucoup fait son deuil en grande pompe, on aura célébré « nos chers disparus »  au milieu de l’affliction virtuelle généralisée, ritualisée, répétée. Dans l’Homme des bois , Pierric Bailly mène une enquête intime sur les circonstances accidentelles qui ont coûté la vie à son père et s’interroge sur cet homme discret et droit. Un livre au ton pudique et éminemment juste, débarrassé de pathos. De ceux qu’on relira volontiers quand la fièvre gagnera à nouveau la société médiatique tout entière.

    Même rédacteur·ice :

    I Am Not Your Negro
    Réalisé par Raoul Peck
    Avec la voix de Samuel L. Jackson
    États-Unis, 2016
    94 minutes

    Recomeçar
    De Tim Bernardes
    2017,
    13 titres

    Étrangler le temps + boléro 2
    Chorégraphiée par Odile Duboc , Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh
    Avec Emmanuelle Huynh et Boris Charmatz
    Vu le 10/02/2017 au KVS

    L’homme des bois
    Écrit par Pierric Bailly
    POL, 2017

    Voir aussi...