2017 selon nous (5)
La rédac’ s'est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l'année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c'est parti.
1. Game of thrones , 7 e saison.
C’est la série la plus téléchargée et la plus in de tous les temps, semble-t-il. Trop plaire est la plupart du temps inquiétant. Pourtant, cette série demeure exceptionnelle. Oh, on a connu des créations de fiction télévisuelle beaucoup plus raffinées et constructives de l’être profond du spectateur (de The Wire à Mad Men en passant par Six Feet Under , etc.), mais GOT (comme disent les initiés) est un spectacle éblouissant orchestré autour d’une narration complexe, de personnages torturés à souhait qui imprègnent l’imaginaire. Un Seigneur des anneaux pour adultes ? Qui plus est, on parle d’un univers qui a imposé sa mythologie et créé des référents à nos fantasmes (de Daynerys à Jon). Paysages et cités sublimes, casting d’enfer, impossibilité de prévoir la suite des évènements, actions pétaradantes et dialogues tendus au cordeau. Mon number one , sans discussion, mise en abyme de ma conviction, ô combien partagée, que la série télé haut de gamme aura été ces dernières années le plus haut lieu de réalisation artistique. Et c’est un amoureux fou du cinéma et des romans qui vous le dit !
2. Walking Dead , 8 e saison.
La série télé qui me fait penser à l’expérience de Milgram par un renversement de la perspective (l’objet de l’étude n’étant pas ce qu’on croit, l’étudieur étant l’étudié ). On croit voir un grand spectacle gratuit, l’un des plus violents du petit écran, action et suspense insoutenables, rebondissements en cascade… Et pourtant ! Cette fiction déstabilise et interroge comme aucune sur la nature humaine confrontée à ses limites, la nécessité du choix et sa difficulté, ses ambiguïtés, les priorités que doit se définir chaque être humain quant à la survie et à la hiérarchisation de ce qui lui est cher (son identité et sa vie, celle de sa famille, de son clan, la fidélité à une religion, une éthique, un code, etc.). Ovni philosophique en filigrane du délire narratif loin de la gratuité parfois immonde de la violence exposée dans Sons of Anarchy et autres… GOT .
3. Downton Abbey , 6 e et ultime saison.
Malgré quelques ficelles et du Old British relevant parfois du prêt-à-porter, avouons que cette série télé a recréé et condensé tous les fantasmes suscités par le cinéma de James Ivory ou les réminiscences des mythiques Upstairs Downstairs et Forsythe’s Saga des sixties/seventies . Au-delà du bonheur de vivre dans les années 1920-1930 avec des personnages inoubliables, au-delà du monde raffiné ressuscité, que d’interrogations et de réflexions sur l’évolution des mœurs, une plongée dans le passé pouvant nous aider à mieux appréhender les tenants et aboutissants de notre temps.
4. Top of the Lake , 2 e saison / China Girl .
Une (grande) cinéaste du cinéma (la Jane Campion néo-zélandaise de la Leçon de piano ) qui a elle aussi compris qu’on se réalise (sic !) aujourd’hui plus complètement sur petit écran, où la censure frappe moins, où la créativité est plus libre, où l’on dispose du facteur temps, etc. Si les aventures de la policière (la formidable Elisabeth Moss de Mad Men ) n’offrent pas le thriller de l’année, loin s’en faut, elles sont transcendées par la touche artistique de Campion : la manière de filmer (les mouvements de la valise dans la mer !), les relations subtiles entre les personnages, l’originalité décapante qui se dégage du tout, les scènes chocs qui jaillissent quand on ne les attend pas… Avec une louche de féminisme militant ? Oui. Mais quand on voit la veulerie (réaliste) de bien des hommes…