2017 selon nous (7)
La rédac’ s’est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l’année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c’est parti.
La rédac’ s’est mobilisée pour vous communiquer ses coups de cœur de l’année. Peut-être y découvrirez-vous des choses, peut-être en aurez-vous aimé certaines, ou peut-être ne comprendrez-vous pas certains choix. Dans tous les cas, laissez-nous une trace de votre pensée en écrivant un message au bas de chaque article, quel qu’il soit ! 2017 selon nous, c’est parti.
Alliant compositions et hommages, Van Morrison revient subtilement aux sources du blues, entrecroisant parfois génialement les chansons, comme « Stormy Monday Blues » de T. Bone Walker et « Lonely Avenue » de Doc Pomus. Magnifique reprise aussi du « Bring it on Home to Me », supplique de Sam Cooke, popularisée jadis par The Animals.
« Savoir encaisser les coups » : un art dans la boxe comme dans la vie car depuis toujours, le blues se nourrit de ce désespoir tranquille des paumés qui modulent leur souffrance entre deux scotchs, deux coups de Trafalgar, deux abandons, deux trahisons.
Pour conter ses peines, Sir Van est allé chercher du beau monde, Jeff Beck, Georgie Fame et surtout Chris Farlowe, contrepoint vocal à fleur de peau, revenu d’une carrière chaotique mais passionnante puisqu’il damait le pion aux Stones dans les années 1960 avec sa version de leur « Out of Time », avant de chanter dans des groupes aussi passionnants que Colosseum ou Atomic Rooster.
Impitoyable corps à corps et paradoxal bonheur d’être mis K.O. debout par Van the Man.
2.
Loving Vincent
: peinture animée
Plus qu’une expérience prodigieuse, une émotion. Extraordinaire film d’animation d’un duo anglo-polonais qui nous replonge dans un rêve de gosse : voir s’animer les tableaux d’un peintre. Tout cela au fil d’une enquête palpitante. Plus de 60 000 plans du film peints à la main par une foule d’artistes, donnant à sentir à l’écran la pâte épaisse des toiles qui se meut, tandis que la beauté restituée du trait solaire nous éblouit. Des flashbacks en noir et blanc tout aussi remarquables (ah, ce visage bouleversant qui se mire dans l’eau tremblée…).
Vincent, tel qu’en lui-même la passion le change.
3. L’Énigme des premières phrases : plus dur sera le début
Formidable livre de Laurent Nunez décortiquant quelques incipits d’ouvrages illustres ou non, pour nous en livrer, avec une ferveur jubilatoire et une acuité rare, tous les non-dits. La traque de l’exégète virevoltant pratiquant le mot à mot obsessionnel surprend et ravit. Vous voulez tout savoir sur l’éloge du tabac, première réplique du Dom Juan de Molière, ou vous vous interrogez sur l’insistance de Marcel à nous faire savoir qu’il s’est longtemps couché de bonne heure ? Véritable joyau : l’analyse d’un incipit de Mallarmé : Rien, cette écume, vierge vers/ À ne désigner que la coupe .
4. My Cousin Rachel : un oiseau de mauvais augure ?
Une réalisation sage, mais la sobriété des acteurs, la justesse du rythme, le choix des paysages et la rigueur des dialogues restituent dans toute sa vénéneuse ambiguïté, l’un des plus mystérieux personnages de Daphne du Maurier, cette intrigante cousine Rachel – veuve éplorée sincère ou froide manipulatrice ? – qui vient troubler le vulnérable Philip. Le réalisateur, Roger Michell, esquisse par petites touches le côté sombre d’un XIX e siècle propice aux passions sous-jacentes. Sanglée dans son habit noir, Rachel Weisz s’apprête-t-elle dévorer le mâle désarmé devant tant d’aplomb veiné de charme ?