A Good Person
Le long métrage de Zach Braff, A Good Person, qui parle avant tout de résilience, se laisse regarder grâce à la performance d’un casting trois étoiles, des dialogues divertissants et une agréable bande son, mais déçoit par son manque de finesse.
L’histoire de A Good Person se déroule à South Orange, dans l’État du New Jersey. Il s’agit de la ville natale de son réalisateur Zach Braff, plus connu en tant qu’acteur, notamment dans la série télévisée Scrubs où il incarne le rôle du docteur John Dorian.
South Orange se situe à une heure en train de New York. Le récit s’ouvre justement sur une comparaison entre les trains miniatures et la vie, narré par la chaleureuse voix-off de Morgan Freeman. Dans la vie, on ne peut pas tout contrôler. C’est ce que nous dit le personnage de Daniel dont le destin a été marqué, entre autres, par un engagement dans l’armée au moment de la guerre du Vietnam et par une période d’alcoolisme.
Daniel est le beau-père d’Allison, l’héroïne du récit campée par Florence Pugh. Allison est une jeune femme rayonnante à qui la vie sourit, même si son père l’a abandonnée quand elle était enfant. Il y a des moments comme ça dans les films – et dans la vraie vie aussi d’ailleurs – où tout semble trop beau pour être vrai : on sent qu’il va se passer quelque chose. Allison est sur le point de se marier avec Nathan et ils sont sur un petit nuage quand un tragique accident de voiture vient bouleverser leurs plans. En effet, il ôte la vie aux deux passagers du véhicule, la sœur de Nathan et son époux. La conductrice n’était autre qu’Allison, qui est la seule à s’en sortir avec quelques blessures.
Comment continuer à vivre avec un tel fardeau ? Plus encore, comment se pardonner soi-même et se reconstruire ? C’est là le propos principal de ce long métrage. Allison sombre dans la dépression et, de manière insidieuse, dans l’addiction à un opioïde nommé OxyContin. « L’Oxy, c’est de l’héroïne dans une jolie robe. » Ironie du sort pour une ex-employée du secteur pharmaceutique. Il suffit d’une rapide recherche sur Internet pour apprendre que ce cas est représentatif d’une véritable crise aux États-Unis .
Ancien policier, Daniel a commis la même erreur que son propre père en étant violent avec ses enfants (décidément, la figure paternelle en prend pour son grade), en particulier avec son aîné, Nathan. À présent, il essaye de se rattraper en s’occupant de sa petite-fille adolescente Ryan, devenue orpheline à la suite du terrible accident de voiture.
L’intrigue prend un nouveau tournant lorsque les deux âmes perdues se rencontrent par hasard à une réunion des Narcotiques Anonymes. S’ensuit une relation inattendue d’entraide entre ces deux protagonistes qui ne s’appréciaient guère avant l’accident, et encore moins après, Daniel blâmant Allison pour le décès de sa fille. Inattendue, vraiment ? Non, parce qu’on le voit arriver de loin, ce tournant. La bande-annonce, qui nous suggère que « parfois, l’espoir se trouve là où on ne l’attendait pas », nous vend déjà la mèche. Et malheureusement, cela vaut pour l’ensemble du scénario ou presque, qui déroule une suite d’événements tous plus prévisibles les uns que les autres. À cela s’ajoute une forte présence des dialogues, divertissants, certes, mais qui ne laissent aucune place aux sous-entendus.
De façon générale, le film déçoit par son manque de finesse, dans sa façon d’aborder des thématiques graves et importantes (la santé mentale et la résilience, les assuétudes et même un brin de justice restauratrice…) sans les approfondir ou apporter un éclairage original. En plus d’être prévisible, le scénario est parasité par quelques clichés dont on aurait pu se passer (par exemple, la scène du « fuckboy » chassé par la voisine et son tuyau d’arrosage). Dommage, car cela déteint sur le talent des acteurs, à commencer par celui de Morgan Freeman, qui n’est plus à prouver. Zach Braff ne nous propose rien d’exceptionnel non plus au niveau du travail formel de réalisation.
Si vous n’êtes pas trop difficile, vous vous laisserez sans doute emporter malgré tout par la bande-son indie-folk et par le jeu des comédiens qui reste somme toute très bon. Florence Pugh, toujours aussi convaincante, réussit à nous toucher en exprimant avec justesse une culpabilité inconsolable. Il faut cependant aimer les effusions de sentiments… Celeste O’Connor, qui incarne Ryan, nous offre également une belle performance.
Si vous aimez Florence Pugh et qu’au passage, vous voulez l’entendre chanter (car oui, elle chante, et divinement bien !), ce film en vaut le détour, surtout si vous le regardez chez vous.