Allah-Las/Moaning Cities
Deux groupes, créés sur deux continents, tous deux en 2011, avec la même ardeur à perpétuer le rock psychédélique et de porter haut son oriflamme. L’atmosphère de l’Usine à Genève s’électrifie par nappes au son des guitares chargées des Belges de Moaning Cities , chauffant la salle pour le concert rock psyché californien d’ Allah-Las .
Le collectif bruxellois nous avait présenté en février 2014 son innovant Pathways through the Sail . Véritable album hommage au rock classique, les morceaux sont travaillés, les effets bidouillés, produisant un synchronisme entre des accords pesants, une touche de blues et une pointe d’orientalisme (sitar et saz). Le style musical à la fois furieusement envoûtant et rageur des Moaning Cities n’est pas sans rappeler celui des Doors : Valérian fascine l’audience par sa voix résonnante, comme désenchantée et à la fois prophétique, scandant des paroles opaques et mystiques.
L’arrivée du groupe de la côte Ouest voit un public déjà conquis qui semble planer, fasciné par les projections vintage en arrière-fond de scène d’une bagnole qui dévore le bitume, bercé par un rock surfer atmosphérique. Pour peu, on se croirait à un show de la fin des Sixties , une décennie qui, à l’instar de Moaning Cities, a formellement nourri le quatuor californien Allah-Las.
Le groupe au nom cabalistique, sonnant presque comme un jeu de mots ou une formule magique, vient de sortir son deuxième album, Worship the Sun . Leur premier album, en 2011, avait été acclamé comme un « bijou atemporel » , sorte de pépite musicale vintage qui plut à un large public, plus jeune, outre les générations précédentes déjà versées dans le rock psychédélique.
En tournée en Europe, ils offrent à un public jeune (et moins jeune !) une sorte de road trip mental orchestré par une voix nonchalante (Miles Michaud), aux sonorités à la fois graves, bourbeuses, très rock. Une voix qui comme si elle se réverbérait, donne aussi une impression infinie de liberté et de légèreté par contraste avec la musique up-tempo , quelque part entre une joie étrange et mélancolie . Le son d’un tambourin vient compléter la touche « indienne » de la musique du groupe, qui n’est pas sans rappeler la même période des Beatles.
Leur musique peut-être ressentie comme un voyage en apesanteur , en dehors du monde, en dehors de soi. On l’écoute planté dans le sable chaud d’une plage moelleuse au-dessus de laquelle un orage grondant et électrisant planerait.
En 2015, le rock psychédélique plaît plus que jamais, doublement soutenu et représenté par deux groupes, séparés par un océan, rapprochés par leur amour des guitares décidément rock et leur passion pour la recherche musicale hors-piste.
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