Déplorant depuis son adolescence le manque de films d’horreur et de science-fiction en Belgique, Julien Jauniaux réalise en 2016 An Eldritch place , son premier court métrage : un endroit et un film bizarre. Surnaturel 1 .
Jusqu’à ce jour, An Eldritch P lace a été sélectionné et montré dans six festivals, dont cinq fois aux États-Unis (deux fois à New York, une à San Francisco, en passant par Portland2 ) et au Razor Reel Flanders film festival de Bruges chez nous. Une victoire pour un ovni indépendant belge bourré de références cultes et obscures.
An Eldritch P lace est un conte court et glaçant, inspiré de l’œuvre de Lovecraft mais aussi nourri du film d’épouvante italien de genre giallo , des slashers 3 gore popularisés dès les années 1970 par Dario Argento, passé depuis maître ès horreur. Giallo signifie jaune en italien, en référence à la couleur des couvertures des livres de fiction d’horreur dans l’Italie postfasciste.
Une veine de fiction proche de celle de Howard Philipps Lovecraft, écrivain américain du début du XX e siècle qui publiait aussi ses histoires dans des livres pulp (livres de poche) et des magazines. Mort dans la pauvreté et ayant connu une gloire principalement posthume, il a engendré un vrai culte, avec des films et des admirateurs qui lui rendent régulièrement hommage, directement ou pas, via des livres ou des films dont les célèbres Alien (1979) de Ridley Scott ou plus récemment The Mist (2007) .
C’est donc la touche seventies, clichée mais efficace, qu’on aime retrouver dans An Eldritch Place , un hymne nostalgique mais inspiré à Argento : musique de synthé 70’s giallo , disparitions, immeubles déserts, des avertissements frénétiques sur des bandes magnéto grésillantes, femme fatale à la fourrure qui se fait Cassandre.
Cependant, la touche d’épouvante reste subtile, aidée par une belle photographie et un mariage des couleurs froides. Le film est dominé par une ambiance feutrée et mystérieuse, de plus en plus cloisonnante, qui se referme comme un étau sur les personnages agités et erratiques. Le jeu avec les clichés du giallo ne vient pas non plus ternir la finesse psychologique qui réside dans le bref mais rapide crescendo dans la folie des protagonistes, ni vulgariser l’hommage littéraire (17 minutes, c’est court !) avant une puissante révélation finale.
Jauniaux, à seulement vingt-six ans, nous offre un premier court inspiré, personnel. Après avoir conquis nos amis outre-Atlantique, le court belge a pu ravir des aficionados d’horreur ou les non-initiés au genre au Cinéma des Galeries le 20 septembre dernier.