@Anima2017
Salué par la critique, ovationné par le public, Ma vie de courgette , long métrage d’animation franco-suisse, mérite assurément sa réputation.
Avec une nomination aux Oscar dans la catégorie « meilleur film d’animation » et les César de la « meilleure adaptation » et du « meilleur film d’animation », l’œuvre de Claude Barras, inspirée du roman de Gilles Paris, Autobiographie d’une courgette , est l’un des plus beaux succès du cinéma d’animation français.
Christine Polis, marionnettiste sur Ma vie de courgette , est jurée et présente lors de la projection du film au festival Anima. Interrogée par Stéphanie Coerten, elle révèle que ce long métrage est la concrétisation de huit années de travail. C’est quatorze mois avant la sortie officielle du film que Christine Polis et son mari rejoignent la production. Leur mission : assembler les multiples pièces constituant les cinquante-quatre marionnettes des personnages (armatures métalliques, pièces en silicone, textiles) et gérer « l’hôpital des poupées » pendant le tournage, autrement dit réparer les pièces griffées, abîmées, brisées. Huit marionnettes à l’effigie de Courgette tournent en même temps sur des plateaux différents, il s’agit donc de faire en sorte qu’elles soient en tout temps parfaitement identiques.
L’histoire
Suite au décès tragique de sa mère alcoolique et violente, Icare, dit Courgette, est placé dans un foyer pour enfants, « Les Fontaines ». Entouré de ses nouveaux compagnons, Simon, Béa, Ahmed, Jujube et Alice, Courgette apprend la légèreté, l’entraide, la tendresse d’un environnement protecteur. Et c’est à l’arrivée de Camille qu’il trouve la plus belle raison de se battre contre l’adversité.
Réalisé en stop motion , ce film met en scène des marionnettes colorées, aux têtes et aux yeux disproportionnés. Les paupières, les sourcils et les bouches interchangeables donnent vie et âme aux personnages. Les décors, les costumes et les accessoires sont riches en détails et ajoutent du réalisme au récit.
Cette chronique de la vie en foyer pour mineurs lève le tabou pesant sur la négligence parentale et la maltraitance, plongeant le spectateur dans un monde naïf de couleurs vives.
Les répliques pleine d’insouciance et de drôlerie, typiques du franc-parler des enfants, font mouche à tous les coups, déclenchant l’hilarité générale. Elles contrastent avec des moments plus graves, quand les enfants font allusion à leur passé.
Dès les premières minutes, le spectateur est happé par des arpèges hypnotiques de guitare. La chanson du générique de fin , Le vent l’emportera de Noir Désir, interprétée par Sophie Hunger, termine la séance sur un souffle de nostalgie qui ramène chacun à sa propre histoire.
Le film conquiert tous les publics, les plus jeunes riant aux éclats, tant ils se retrouvent dans ces petits personnages malicieux, les plus grands étant emportés par la justesse émotionnelle.
Ma vie de courgette est une fable sur la résilience qui n’est pas sans rappeler les Choristes de Christophe Barratier. Courgette pourrait être le frère animé de Pépino, tant ils partagent joyeuse naïveté, enthousiasme et destin. Ce n’est peut-être pas par hasard que ces deux œuvres ont massivement séduit le public.
Natalie Malisse
DOSSIERFestival Anima