BIFFF 2015
The Ninja War of Torakage a été présenté au BIFFF comme un midnight movie . Pourtant au Japon, il s’agit d’une comédie d’action familiale. Après Frankenstein Girl VS Vampire Girls , le duo Nishimura-Shiina est de retour avec un film complètement fou qui ravira les fans du genre. Nous avons eu la chance de les rencontrer : voici donc la double interview du réalisateur-maquilleur Yoshihiro Nishimura et de sa comédienne fétiche, Shiina Eihi.
Où et comment avez-vous trouvé l’inspiration pour ce film ?
Récemment, j’ai fait énormément de films d’horreur et après la catastrophe de Fukushima, le tsunami et d’autres drames, j’avais envie de faire un film d’action ninja que toute la famille pourrait apprécier.
La musique du film est vraiment variée, comment en êtes-vous arrivé à mixer autant de genres musicaux ensemble ?
Je n’y ai pas vraiment fait attention. J’ai monté le film et lorsque je l’ai regardé en entier, j’ai choisi des musiques qui traduisaient ce que je voulais que le public ressente. J’ai simplement laissé parler mon cœur.
Shiina-san, vous jouez dans tous les films de Nishimura-san depuis le début. Les films d’action gore et les films d’horreur sont-ils des genres que vous affectionnez particulièrement ?
Je dois avouer qu’à la base, je ne suis pas du tout fan de ce genre de films, et je ne les connaissais pas du tout. Mais Nishimura-san a cette faculté, lorsqu’il crée, de réellement mettre en place tout un univers pour ses films : même si c’est sanglant ou violent, la beauté de ce qu’il crée autour est telle que je ne peux qu’accepter de tourner pour lui.
En parlant de création, Nishimura-san, comment vous est venue l’inspiration pour le personnage de Menashi1
?
Ce personnage me trottait en tête depuis l’époque où je faisais des films indépendants. J’avais deux personnages, Mimi-Nashi et Men-Nashi. Le personnage de Menashi ne voit pas et son apparence est finalement une exposition du monde tel qu’il le perçoit. Miminashi sera dans la suite de
Torakage
, s’il y en a une.
Shiina-san, comment se fait-il qu’on vous voie souvent dans des rôles de méchante un peu
bad ass
alors que vous avez l’air si douce et délicate ?
(Rires.)
Il est vrai que je ne suis pas si effrayante en réalité.
Nishimura-san intervient :
si, tu fais peur, tout le temps !
(Rires.)
Qu’avez-vous pensé du BIFFF ?
Nishimura : Le public est incroyable ! Chaque fois que je viens ça me frappe et je me le redis.
Shiina : Oui, c’est une ambiance particulière.
Pourquoi la prêtresse du film ressemble-t-elle à un mentor de
super sentai
2
?
Je voulais lui donner un look… kimono-latex ! Mais maintenant que vous le dites, c’est vrai
(rires)
! Je ne sais pas du tout, je n’y avais pas pensé, mais c’est intéressant comme idée. D’ailleurs, si vous aimez le genre, je vous conseille
New-Ninja Super Sentai
, ça va vous plaire
(rires)
.
Nishimura-san, comment ça se passe lorsqu’on est maquilleur et en même temps réalisateur ?
Vous savez, avec la réalisation, je ne peux pas vraiment vivre… Je suis maquilleur à la base, mais c’est vrai que j’ai la chance de réaliser aussi. En fait, je fais de la réalisation pour le plaisir et du maquillage pour manger. Après, il est vrai que j’aime les films et que même si je ne m’occupe que du maquillage sur un film, j’essaie tout de même de rendre le film plus beau grâce à mon travail. Bien entendu, si je ne pouvais que réaliser et en vivre, je serais ravi !
Comment expliquez-vous, tous les deux, que la plupart des productions japonaises qui arrivent ici soient complètement folles, bien qu’il y ait un cinéma très sérieux au Japon, alors qu’aux États-Unis et surtout en Europe, nous avons une vision du cinéma qui est très
auteur
?
Je pense que c’est une question de contexte et de vie. Vous savez, au final, ces productions folles au Japon, il n’y en a pas beaucoup. C’est dommage car l’Europe a finalement une image tronquée du cinéma japonais. La question est de savoir pourquoi les producteurs européens ne donnent pas plus de budgets pour des productions de genre en Europe
(rires)
.
Shiina-san voulait répondre mais Nishimura intervient… C’est stupide de n’avoir que cette vision d’auteur ! Les gens ont besoin de se détendre et de rire ! Même sur un plateau, les gens ont l’air trop sérieux. L’autre jour par exemple, j’étais sur le plateau du dernier film d’un ami et il faisait froid. À un moment, le réalisateur a balancé son script au feu pour se réchauffer et a dit : « Je n’en ai plus besoin, je connais mon film, j’ai froid et je sais où je veux aller. »
Shiina-san, Nishimura-san, avez-vous déjà vu un film belge ?
Shiina : Je ne crois pas, malheureusement.
Nishimura : Je pense bien mais je ne suis pas sûr. Mais je dois en avoir vu, oui. Par contre, je ne me rappelle pas les titres des films… Je pense que j’ai vu
Man Bites Dog
(
C’est arrivé près de chez vous
)… Il me semble que ce film est sorti au Japon.
Dernière question et nous espérons qu’elle est pertinente… Le caca est un thème qui semble vraiment récurrent dans tous vos films, pourquoi ?
(Rires)
Comme je l’explique dans le film, c’est un sujet très important pour toute la famille !
Lorsqu’on naît, parfois c’est dans le caca. Et au-delà de ça, lorsqu’on est petit, les parents nous nettoient ; après, nous apprenons à le faire tout seul et lorsque nos parents sont des vieillards, c’est à notre tour de les essuyer. Au final, c’est ce qui régule notre vie et nous sommes, pardonnez moi, le nez dedans toute notre vie.
Il y a une histoire d’ailleurs, dans le journal japonais d’aujourd’hui, d’une femme de trente-neuf ans qui a tranché le nez de son mari avec un couteau de cuisine car elle trouvait que son caca sentait trop fort…
Et là, c’est l’équipe de Karoo qui est morte de rire !