S’oublier dans l’art, chercher l’être perdu dans les traits d’une peinture, s’amouracher de quelques éclats de couleurs, voilà ce que propose Clarisse Michaux avec Bleu Parking , publié chez Lamiroy. Une nouvelle où la mélancolie s’accorde avec les teintes et les nuances de bleu.
Ce sont d’abord les couleurs qui se dégagent à la lecture de Bleu Parking : c’est le rouge vif d’un manteau de femme, un peu passé, et puis le bleu ruisselant, celui de quelques larmes versées parmi des voitures arrêtées. C’est aussi le bleu qui se dégage de la tristesse d’un narrateur qui fait face à la perte de sa mère, une absence comblée par ceux qui savent se jouer de la couleur. Épris d’un tableau de Chagall où il reconnaît les traits de sa mère, une obsession peut-être, une folie sans doute, le narrateur semble s’y enfoncer, emporté par ce bleu-tourbillon.
C’est ce que propose Clarisse Michaux, doctorante en philosophie de l’art à l’UCLouvain, avec cet opuscule (une nouvelle de 5000 mots) publié chez Lamiroy. La formule est simple : une nouvelle publiée chaque vendredi nous fait découvrir quelques auteurs. On reconnaît ici l’association des mots et de la peinture, et on ne sait plus très bien qui est au service de l’autre.
« Il y a cette grande force rouge, qui vient de toi Maman. Il y a aussi une traversée blanche, un effacement, puis il y a ce bleu ruisselant, un bleu magnifique : un bleu parking, Maman. »
Les couleurs sont éclatantes de chagrin, les mots sont lourds de souvenirs passés. Dans ce court format, le deuil est traité comme un arrêt sur image, comme un tableau à contempler. Le style, proche de l’intime, épouse très justement le ton familier qui place l'événement à Liège. Cet ancrage affirmé parlera particulièrement à ceux et celles qui peuvent s’imaginer le lieu, avant de voir tout cela se perdre dans le ruissellement de la Meuse.
Bien que cela soit la forme choisie, j’aurais aimé lire encore quelques pensées de ce narrateur endeuillé. Malgré la tristesse qui se dégage de l’atmosphère créée, il y a quelque chose qui fait que j’ai eu beaucoup de tendresse à la lecture, et qui me laisse le souvenir d’une douce mélancolie.