critique &
création culturelle
Ça va n’aller
livre de survie

Un style poignant pour une lecture bouleversante. C’est avec sa plume intrusive que Pieterke Mol emmène le lecteur dans son univers. À travers la vie d’une famille touchée par l’alcoolisme, sa propre vie, elle emporte le lecteur dans un dédale d’évènements sombres, poisseux et tristement réalistes.

Dans sa recherche d’une vérité et de proximité, l’autrice offre un roman particulièrement immersif. Les émotions s'enchaînent alors que le lecteur est emporté dans l’histoire. L’utilisation déterminante de la deuxième personne du singulier nous immerge et nous noie dans un récit d’une rare mélancolie. Proche de l’autrice et de son histoire, on apprend alors à la connaître et à découvrir ses démons.

Démarrant dans la jolie ville de Bruxelles, le roman s’aventure rapidement dans la dure réalité de son personnage, devant jongler entre l’alcoolisme et le divorce de ses deux parents. Rapidement submergée, la jeune fille se retrouve alors plongée dans une vie de malheurs et de luttes.

La plume de l’autrice, sans répit, n’épargne aucuns détails et offre une description crue de cette réalité. Bouleversé et interrogé, le lecteur ne peut alors que se prêter au jeu de Pieterke Mol et continuer sa lecture, mû par l’espoir d’amélioration, de chute, de mouvement.

Sans chercher à étoffer la réalité, à l’empirer ou à la simplifier, c’est avec sa plume d’un ton descriptif et sans pitié que l’autrice trouve sa force. Le lecteur, pris dans la lutte de la jeune protagoniste pour la vie, est emporté.

« Le vent traverse sans direction et fait face à chaque angle. Je sens l’air brutal qui me claque le visage et m’emplit d’existence. Je vois la poussière rouge. Celle d’où je suis née. Celle où je mourrai. La rouille des chemins désolés. Et le ciel qui décline à mesure que nous progressons. »

Dans ce premier roman, l’autrice Pieterke Mol retrace sa propre lutte dans l’espoir que d’autres puissent s’en inspirer.

C’est donc bien la plume et cette lutte violente pour la vie qui amène le lecteur à rester accroché au livre. Les évènements importent peu, l’alcoolisme d’un père, l’abandon d’une mère, tant leurs sous-entendus sont puissants. L’autrice se contente de décrire une façon de survivre, la sienne. Les luttes intrinsèques aux personnages se dévoilent et nous révèlent la dureté d’une vie sans repos. C’est dans cette perspective que le titre Ça va n’aller nous replace, questionnant sur les possibilités de s’en sortir face à l’alcoolisme et plus globalement face aux difficultés de l’existence. Un livre à déguster et à digérer pour réaliser à quel point ses frasques nous interrogent alors sur nos propres démons.

Même rédacteur·ice :

Ça va n’aller

Pieterke Mol
2020
295 pages