Cultures Maison
Le festival de bandes dessinées indépendantes Cultures Maison s’associe à la Maison du livre de Saint-Gilles pour présenter, sous la houlette de Loïc Gaume, l’exposition « Ribambelles » , sur le thème de l’inventaire dessiné. Ce n’est pas grand mais c’est plutôt bien fait, plutôt malin et c’est surtout très beau !
On pourra dire ce qu’on voudra de Saint-Gilles et de sa gentrification, mais il faut reconnaître que tout le long de l’année, il s’y passe quelque chose. Au moins sur le plan culturel. Ça n’est pas souvent bling-bling (tant mieux !) mais c’est presque toujours bien (ouf !). Cette fois-ci, coup de projecteur sur la bande dessinée. Créé en 2010, Cultures Maison est un festival de bandes dessinées et d’art graphique indépendant. On y retrouve la plupart des éditeurs et diffuseurs belges du secteur, mais aussi quelques voisins européens.
Un festival largement ouvert
Les règles sont ultra-simples : pas de participation demandée aux exposants, et l’accès à toutes les manifestations du festival est gratuit. L’idée, évidemment : promouvoir les talents créatifs d’un domaine qui a parfois du mal à se faire connaître tout en offrant une programmation accessible et de qualité, pour un public aussi large que possible. Naturellement, pas de BD à gros nez ici, mais des choses plus fines, plus trash, plus poétiques, plus rock et même, parfois, plus drôles.
Le parfait exemple de cet état d’esprit, c’est l’exposition Ribambelles, concoctées par Loïc Gaume, avec l’aide de neuf autres dessinateurs : Aurélien Débat, Jochen Gerner, Stéphane de Groef, Benoît Jacques, José Parrondo, Vincent Pianina, Guillaume Trouillard et Philippe Weisbecker. Loïc Gaume est auteur, illustrateur et graphiste. Il est aussi le fondateur des éditions Les Détails, et l’on peut également le lire à L’Association (revue Lapin ) et aux éditions Hoochie Coochie. Passionné d’architecture et de cartographie, il prend volontiers ses distances avec une narration chronologique pour lui préférer une approche géographique.
Et cela se sent dans ce qu’il expose à la Maison du livre de Saint-Gilles : une trentaine de façades bruxelloises (de son quartier du parc Josaphat, à Schaerbeek), des bâtiments Art déco, Art nouveau, et des maisons plus modestes. « Je me suis interdit de retenir le caractère historique ou architectural des maisons que je dessine. Ce sont juste des façades qui attirent, pour de multiples raisons, mon attention dans mon quotidien. » Le trait faussement naïf et le sens du détail dévoilent Bruxelles avec délicatesse et soin. Ces façades, qui paraissent branlantes sur leurs fondations, montrent aussi une ville à l’urbanisme fragile et souvent massacré.
Collections hétéroclites
À côté des dessins grand format de Loïc Gaume, une série de vitrines présente les travaux, parfois spécialement réalisés pour l’exposition Ribambelle, des huit artistes invités. Ils proposent d’autres inventaires, sur d’autres thématiques . Ils racontent tous quelque chose, à l’image des réalisations en trois dimensions des dessins aux tampons de la ville imaginaire « Tamponville » d’Aurélien Debat.
Une autre vitrine est consacrée à Jochen Gerner , figure majeure de la bande dessinée indépendante. Le dessinateur français recompose des couvertures de romans de gare en jouant sur les titres des livres et en faisant appel aux registres graphiques du Far West ou du futurisme. Le travail de Guillaume Trouillard interpelle aussi. En particulier deux planches, posées en regard l’une de l’autre. Sur la première : des papillons épinglés comme le font les lépidoptérophiles. Sur l’autre, présentée de la même façon, une série de casque de CRS. C’est joli, drôle et… mordant ! D’ailleurs, ces trois adjectifs résument à merveille l’ensemble de l’exposition « Ribambelles » et du festival Cultures Maisons.
L’exposition est visible jusqu’au samedi 4 octobre, elle est accessible mercredi, jeudi et vendredi de 14h à 18h, les samedis de 10h à 13h.
www.culturesmaison.be
www.lamaisondulivre.be
loicgaume.blogspot.be