critique &
création culturelle

Entretien avec Lucie Lefauconnier alias Lou K.

Le punk et la poésie comme catharsis

Photo : Alyssa Martini

Avec Lucie, on a parlé identité(s), création, femmes artistes, importance de l’art dans la révolte et la santé mentale. Portrait intimiste d’une artiste multidisciplinaire, qui sortira son premier album avec le groupe Lou K cette année.

J’ai eu l’occasion fin 2023 de m’entretenir avec Lucie Lefauconnier, chanteuse et guitariste du groupe dit « Punk sensible riot grrrl1 » Lou K, qu’elle a fondé il y a maintenant quelques années. Lou K est artisane d’un courant rock francophone qui se veut plus libertaire, inclusif et cathartique.

Sur scène et en studio, la bassiste Raphaële Germser2 (Birdpen, Wax Tailor, Monolithe Noir) et la batteuse Audrey Dechevre (Maple Paper, Faust, JE T’AIME) complètent ce trio féminin énergique et engagé. L’année écoulée a vu se multiplier les occasions pour les musiciennes, avec des dates au Botanique, une première partie au Trix d’Anvers, et une dernière date de 2023 effervescente au Garcia Lorca suivie d’une jam encourageant les FINTA3 à s’approprier la scène. Mais aussi un passage en studio pour un album qui poussera son premier cri de guerre en 2024, et un premier clip pour le mois de mai.

En plus d’être musicienne, Lucie est poétesse, artiste plasticienne et metteuse en scène. Elle possède un univers brut, poétique et fantasque, où se côtoient les mythes du rock, du punk, et les figures du fantastique et du retro horror. Elle est par ailleurs l’autrice du recueil de poésie (aussi brut que nécessaire) Barbe Bleue, publié en 2017 aux éditions Le Mot / Lame. Les monstres sont un thème récurrent et cher à l’artiste, métaphore des démons tant personnels qu’intemporels qui gravitent autour de nous, et d’une violence qu’on s’approprie pour mieux la supporter.

Un univers et des thèmes qui me parlent personnellement, tout comme les propos recueillis, qui font le pont vers une volonté de mettre moi-même en avant des femmes artistes.

Ayant pu suivre Lucie durant quelques-uns de ses projets de fin d’année, j’ai pu lui poser quelques questions sur les racines du groupe, les œuvres et les engagements qui la nourrissent, et ce qu’elle cherche à véhiculer via son art.

Lou K sera au CHAFF à Bruxelles le 19 février, le 2 mars au Grow Festival, et le 4 mai aux Nuits Botanique.

Photo : Alyssa Martini

Qui es-tu, Lou K ? Qui est Lucie, qui est Lou K ?

Lou K, c’est un peu le double courageux de Lucie d’une certaine manière, et la version en colère de ma personnalité que je ne sais pas toujours exprimer dans mon quotidien. C’est un peu grâce à Lou K que je peux aller chercher la colère et la résistance, et aussi la sensibilité que je tends à exprimer dans mon quotidien. Mais Lou K me permet de le faire de manière plus directe, plus précieuse et patiente par rapport aux autres.

D’où te vient ta passion pour la musique et l’art en général ?

Lou K, c’est quelque chose qui a mis tellement de temps à se construire. Ça vient d’écrire des chansons quand on est enfant, de continuer à les chanter, à les improviser. Les jouer devant des gens, seule ou avec les autres, et chercher des solutions pour jouer sans trop se prendre la tête. Je pense que j’ai commencé assez jeune, toute seule, et que petit à petit j’ai eu envie d’avoir un groupe de rock. C’est arrivé assez tôt en fait, dès mes douze ans. J’étais fascinée par le fait d’avoir un groupe de rock, tout en écrivant mes propres chansons. J’étais vraiment très fascinée par Patti Smith, qui pouvait écrire de la poésie et être complètement punk sur scène. C’est une grande figure qui m’a beaucoup marquée quand j’étais ado.

Tu citerais donc Patti Smith comme élément déclencheur et comme point de convergence de qui tu es, de ce que tu souhaites proposer aujourd’hui ?

Oui, c’est probablement Patti qui a été vraiment une des plus grandes figures qui m’a influencée au début, sans que je connaisse forcément ce qu’elle faisait de manière précise. Et encore aujourd’hui je suis loin d’être incollable sur tout. Elle a un côté très androgyne, ce que je peux dire aujourd’hui, mais qu’à l’époque je ne comprenais pas. Elle a un truc puissant, qui n’est pas sexy mais quand-même complètement magnétique. Donc un truc très organique, très animal, très corporel, tout en étant très intellectuel, dans la poésie et l’intelligence du mot, et ça, ça m’a beaucoup influencée. C’est vraiment une de mes grosses bases, oui.

Tu es assez pluridisciplinaire aussi justement dans ton art, tu touches un peu à tout.

En fait pour moi, l’univers visuel est aussi une forme d’écriture, et l’écriture est une forme d’univers visuel. Écrire des images, peindre des mots, de la poésie… Pour moi toutes les formes d’art se rejoignent car elles vont vers un but qui est un peu plus complexe, celui de dire que la vérité n’est pas juste « une ». Tant que ça sert mon émotion et ma sensation, ce que j’ai besoin d’aller déverser, il faut forcément que ce soit double. Pour moi il y a quelque chose de très intéressant dans le fait d’écrire des choses visuelles et de peindre des choses qui vont aussi refléter des références plutôt littéraires. Même le fait que je fasse du théâtre, avec toujours un côté visuel, performatif, musical, ça me permet de toujours pouvoir toucher à tout, c’est une forme d’équilibre.

Ça forme un tout cohérent finalement, chaque chose alimente l’autre, et ton travail d’écriture se retrouve dans tes chansons.

Oui, il y a des poèmes que je vais reprendre pour des chansons et puis parfois des chansons que je vais décortiquer et mettre dans des poèmes. En ce moment, j’ai envie d’écrire des nouvelles, ou d'être dans un récit un peu plus construit, et finalement ça rejoint aussi mon envie de reprendre la peinture et de construire des récits plus concrets avec ça. Mais aussi avec la musique, d’être plus directe avec les gens, car aujourd’hui j’ai envie de m’adresser au public de manière plus frontale. C’est ce qui se passe avec les concerts que je fais en ce moment, il y a moins de fioritures autour des chansons, elles vont plus droit au but, l’émotion est plus concrète. Alors qu’avant je passais par des métaphores un peu plus évanescentes. Des choses étaient parfois un peu difficiles d’accès, dans le sens où les autres pouvaient s’en faire toutes les interprétations possibles. Alors que maintenant, ce dont je veux parler et à quoi je désire amener à réfléchir est beaucoup plus clair.

Quel(s) message(s) essaies-tu de faire passer justement ? Il y a toujours cette pulsion revendicatrice ou c’est parfois aussi plus intimiste ?

Je crois que le message principal, c’est un peu d’aller chercher sa liberté et sa colère. J’ai besoin d’aller mettre de la révolte quelque part car je trouve qu’on est dans un monde encore très injuste, et que c’est compliqué d’aller chercher la justice ailleurs que dans l’art. C’est un peu ma première forme de militantisme, la poésie et le punk. C’est quelque chose de très important dans mon travail, de dire que les femmes peuvent faire de la musique, qu’elles soient vues et non pas juste des objets visuels, qu'elles ont un fort potentiel à tout casser, et que c’est quelque chose qu’il faut concevoir et accepter. Il faut pouvoir arriver à casser des codes appris depuis toutes petites, sur comment fonctionner en société, prendre soin des autres, etc. Je ne dis pas qu’on doit arrêter, mais on n’a pas vraiment appris à dire non aux hommes et c’est un peu ce que je souhaite véhiculer : il faut récupérer sa puissance.

D’autre part, c’est vrai que j’ai besoin de parler de la souffrance mentale, parce que j’ai perdu des proches ou que j’ai des proches qui sont très malades, en dépression. Donc c’est aussi un sujet assez important dans mon travail, de parler de cette hypersensibilité. Moi j’ai la chance d’être hypersensible, mais en même temps d’être hyperoptimiste, donc même si le monde est parfois très douloureux pour moi, j’arrive à en faire quelque chose de beau. Mais tout le monde n’a pas cette chance-là, et j’ai beaucoup d’amis qui ont cette sensibilité mais qui ont du mal à en faire quelque chose de positif. Et ça peut parler à tout le monde parce qu’il n’y a pas besoin d’être hypersensible pour se sentir triste, en dépression et de ne pas savoir quoi en faire. Donc ce que je fais parle d’endroits très sombres, mais en même temps de comment se réapproprier ces lieux.

Justement, qu’as-tu à dire de la situation des femmes musiciennes, de la place de la femme dans la musique belge ou francophone en général, puisque tu fréquentes aussi la scène française ?

J’ai l’impression que c’est un travail qui se fait à toutes les générations, qui ne sera jamais fini et pour lequel il faudra se battre tout le temps. Et quand moi j’aurai fini, il y aura d’autres femmes qui le feront après moi. Des progrès, il y en a toujours, mais je trouve que le problème est principalement dans l’histoire et la manière qu’on la raconte. Je pense qu’il y a eu des musiciennes de tout temps, et elles sont incroyables. C’est juste que l’histoire est écrite par des hommes, et les magazines de rock aussi. Le plus important serait d’enlever cette sorte de regard qui dit qu’on n’est pas assez nombreuses, alors que si ; qu’on est juste très découragées par cet historique et par le fait qu’on nous isole. Aujourd’hui, en tout cas en France, il y a le mouvement « More Women On Stage » qui a été lancé par Lola Frichet. J’ai été une des premières à le reprendre en main ici en Belgique, ce dont je suis assez fière. Chez nous, ça ne marche pas beaucoup parce qu’on est sur des petites salles, des petites scènes : il y a pas de « scène belge » qui soit aussi importante qu’en France. Je crois aussi que le message n’a pas été forcément entendu du côté flamand, où il y a peut-être aussi déjà plus d’égalité. Le problème pour moi est donc vraiment de savoir comment on raconte l’histoire. Par exemple, aujourd’hui, dans le classement des meilleures guitaristes des grands magazines de rock, il n’y a pas souvent de femmes, et ce n’est pas qu’il n’y en a pas, c’est juste qu’ils n’y pensent même pas.

Lola Frichet, justement, a été dans le classement des meilleures bassistes récemment…

Oui mais parce qu’elle s’est vraiment battue. Si elle n’avait pas lancé le mouvement, est-ce qu’elle aurait été dans le classement ? Elle a gagné un super prix via « She Shreds », un concours où tu fais un riff par jour pendant un mois, et elle avait été repérée grâce à ça. Mais il y a plein d’autres musiciennes qui ont fait ce concours aussi, qui sont exceptionnelles mais dont on ne parle pas. Et c'est aussi pour ça qu’elle se bat, je pense. Ensuite il y a aussi des trucs à Bruxelles, à Super Fourchette, qui organise des événements et notamment des workshops FINTA. Donc je pense qu’il a quand même une volonté... à suivre !

Le bar Crazy Circle aussi, qui a organisé les Femme Jam.

Il y avait en effet les jams en mixité choisie.

Pour continuer sur le sujet, comment penses-tu que le fait d’être une femme dans ce milieu t’as forgée en tant qu’artiste, musicienne ?

Au-delà d’être musicienne, c’est plus en tant qu’artiste et en tant que femme. Le fait d’avoir vécu des agressions sexuelles, ça me donne envie d’en parler, de me révolter et de faire quelque chose de ça. Il faut qu’on se batte et qu’on en parle. C’est plutôt de parler des violences qu’on vit, de la violence des hommes, et c’est via ce message-là que j’ai envie de me démarquer. Après, dans le milieu en tant que tel, parfois on débarque avec Audrey et Raphaële au Volta pour répéter et il y a que des mecs, et on sent qu’il y a une atmosphère qui change d’un coup, ou qui est différente. Mais parfois ça se passe aussi très bien. Il y a quand même une espèce d’entre-soi masculin, une espèce de « boys band » où les gens s’aident et se programment mutuellement, vont jouer les uns et les autres dans des groupes, mais je pense qu’en tant que femmes on peut faire la même chose. C’est ce qu’il se passe avec Audrey et Raphaële avec qui on s’entraide mutuellement dans nos projets. J’ai pas forcément envie de récupérer les mêmes armes qu’eux, mais à un moment c’est quand même ce qu’il faut faire.

Photo : Alyssa Martini

Peux-tu nous parler de ta méthode de composition ?

Je n’ai pas forcément de méthode particulière. Surtout en ce moment, c‘est plus que j’arrive mieux à écrire quand je me donne un temps donné où je ne vais faire que ça. Ça m'aide donc beaucoup d'être en résidence, d'aller dans un endroit où je vais prendre quelques jours pour vraiment ne faire que ça. Mais parfois j’ai quand même des moments où j’ai envie d’aller écrire des choses. Mes chansons me permettent aussi de garder une trace du temps qui passe, donc je vais parfois un peu écrire juste pour meubler, et ça va me permettre de garder une certaine discipline. Ou alors j’ai vu ou vécu quelque chose d’inspirant, et je me dis que j’ai une expérience qui vaudrait la peine d’être dans mon « historique de vie », et j’écris juste parce que ce moment est particulier. C’est donc soit faire des résidences en étant vraiment dans la technique, et ça fait des tout aussi bonnes chansons que des chansons qui vont être plus sur le réel du moment. L’approche est juste un peu différente. Après, mon travail c’est de rendre l’ensemble cohérent, et ça c’est dans un autre temps en général. J’ai donc tendance à créer plein de matière, mais après il faut tout organiser, faire le tri, et il faut un peu plus de discipline donc c’est bien de s’isoler un peu. Ça permet de voir où on en est, de faire le point, c’est comme un journal intime qu’on relit régulièrement.

Un mot pour définir ton univers artistique ?

Il y en a plein, mais celui qui peut-être marche le mieux, c’est « catharsis », car c’est quelque chose d’intense qui a besoin de sortir et ça peut marcher pour les sentiments positifs comme négatifs. Quand j’ai découvert ce mot, j’ai dû me dire que c’était un mot d’intellectuel trop stylé, mais en fait pas tant que ça : ça représente juste le besoin d’extérioriser. Et je pense que c’est vraiment ça la base de mon travail, pour aller ensuite vers quelque chose de plus calme, pour créer des choses qui vont aussi être plus apaisées.

Que préfères-tu entre le studio et la scène ? 

C’est différent, mais j’adore les deux. Je pense que les moments où je me sens le mieux sont en studio, parce que c’est un endroit où je me sens hyper safe et que je peux vraiment aller explorer, chercher, être avec des gens que j’aime et juste prendre le temps de faire les choses bien. Et en même temps être dans une énergie où tu dois enregistrer car tu as un temps imparti. J’ai plein de possibilités, vocalement, je peux prendre le temps d’aller chercher plein de choses, faire plein de prises. C’est un truc que j’adore faire, c’est ma vie, quoi. Et la scène, pareil, c’est un endroit où je me sens vraiment pleinement moi-même et où j’ai vraiment l’impression que je peux m’exprimer. Bien sûr il y a des concerts qui se passent moins bien et qui sont difficiles, et parfois tu sais que le public n’est pas gagné d'avance et que tu vas devoir te battre pour te faire entendre. Parfois aussi t’es pas trop dedans, mais tu dois quand même aller défendre ce que tu fais, donc c’est à chaque fois différent. Mais c’est une adrénaline incroyable, c’est une sensation de connexion incroyable avec les autres. Autant sur scène tu te connectes avec ton public, autant en studio c’est avec les gens avec qui tu travailles, et ce sont deux choses différentes. Mais je ne pourrais pas préférer l’un à l’autre, car les deux sont les meilleurs moments de ma vie en général.

Quel est ton rapport à l’écriture en français, et tes influences ? Qu’est-ce qui t’inspire ? La poésie ?

Dans l’écriture, je peux être très influencée par la poésie, effectivement. Je pense que quand j’étais ado, j’ai dû voler des extraits de poème ou en faire des citations par exemple. Parfois encore, quand je vais à des soirées de poésie, je peux prendre note d’une expression que j’ai trouvé super, réfléchir à ce que j’aime dedans et pourquoi. Mais il y a énormément de choses différentes qui m’influencent en écriture, que ce soit le roman, la BD, même les interviews (rires). En tout cas je sais qu’il y a un moment où j’ai réalisé que je ne connaissais pas assez de femmes poètes, et à ce moment-là j’ai commencé à lire plus de poétesses, mais aussi des romancières, et c’est devenu une sorte de leitmotiv. J’essaie de faire beaucoup plus attention à ma consommation culturelle, et de lire, d’écouter, de voir, d’aller chercher les femmes en général. Ça a été une grande question pour moi et je fais vraiment attention à ça. Et c’est super car je découvre des autrices incroyables. Je pense que ça a vachement changé mon point de vue sur l’écriture d’une certaine manière aussi.

Pour finir, peux-tu justement nous parler d’une œuvre récente, hors musique, qui t’as marquée et que tu recommanderais ?

Je recommanderais deux livres : Le Génie lesbien d'Alice Coffin, qui est un livre assez politique d’une certaine façon. D’ailleurs, l’autrice a fait polémique en disant qu’il fallait lire plus de femmes et qu’elle essayait de ne plus lire des hommes, parce qu’en fait, c’est déjà ce qu’on fait continuellement. C’est génial pour approcher le féminisme, car elle est hyper positive et fait réfléchir sur la présence des femmes dans la culture. Elle montre à quel point les lesbiennes ont tellement fait pour les droits des femmes. Elle parle du journalisme aussi, et comment le regard objectif n’existe pas, juste le regard homme blanc cis. Je trouve ça super comme première approche quand tu comprends pas trop ce qu’est le féminisme, et pourquoi il faut lire des femmes. Et c’est un livre super facile d’accès et léger, engagé, et qui donne de l’énergie.
Et comme autre œuvre que j’aime citer, il y a Je serai le feu de Diglee, qui est illustratrice, poétesse et écrivaine. Elle y recense énormément de poétesses différentes avec des poèmes choisis, une biographie romancée, une illustration… Elle y raconte son rapport à la poétesse et à ses poèmes. J’ai découvert des poétesses incroyables et acheté quelques livres recommandés. On découvre des trucs géniaux : la poésie érotique écrite par des femmes, le regard des femmes sur les hommes, le quotidien, la vie professionnelle, la nature… c’est tellement autre chose ! C’est un rapport au corps, aussi, qui m’intéresse tellement plus, et qui est hyper important dans mon travail. Je trouve ça absolument génial d’avoir ce livre qui en fait une sélection : c’est un peu une bible, et c’est un beau livre en plus.

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