Self-Deceit #1 de Francesca Woodman (1978)
Fond d’écran (26)
Fond d’écran, c’est une image, une peinture, une photo… En quelques lignes, pourquoi et comment elle a laissé une empreinte indélébile sur votre rétine ! La plateforme f/75 , regroupant des photographes s'identifiant comme femmes, non-binaires ou non-cisgenres, se prête au jeu et se penche sur le travail de concitoyen·nes.
Du béton
Du verre
De la chaire
Un mur en coin
Un miroir
Une femme
Et je suis subjuguée.
Je suis attirée, happée, intriguée.
C’est physique, je ressens une pression sur la poitrine. Mon souffle est coupé.
Ça me parle.
Je veux en savoir plus.
Francesca Woodman se met en scène et raconte son mythe. Celui d’une jeune femme sensible qui, par le biais de la photographie, tente de s’exprimer tant bien que mal. Elle nous offre un imaginaire doux mais poudreux. Comme si elle nous racontait des secrets enfouis depuis longtemps dans ces maisons délabrées. Elle expérimente le corps féminin, celui d’une jeune femme qui se découvre. Elle sort de l’enfance, embrasse un corps d’adulte avec des formes, et la sensualité qui s’ensuit inlassablement. Elle ne l’a pas demandé, il lui a été offert et elle doit apprendre à le connaître. De nombreux portraits sont pris de dos. Cet angle rend ses photos plus intimes et pudiques même si elle y est dénudée.
On connaît peu de choses sur Francesca. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle a connu une fin prématurément tragique. Elle nous raconte son histoire personnelle, celle de son inconscient : 22 ans et sujette aux dépressions, elle a su théâtraliser ses conflits intérieurs. Son travail témoigne de mélancolie, de douceur, de solitude et de fragilité. À plusieurs reprises, Woodman utilise des miroirs pour ses mises en scène. Elle se cache derrière ceux-ci ou elle use de leurs réflexions sur son corps, pose devant. Elle marche même dessus, à quatre pattes, tout entière sur cet objet fragile, susceptible de se briser à tout moment. Peut-être comme elle...
Luna Descamps