Gilles Dewalque
Gilles Dewalque expose cette semaine dans la galerie Karoo . Rencontre avec un créateur polymorphe.
Quel est votre parcours ?
Je viens de Malmedy où j’ai fait mes études secondaires. Dès la troisième, je me suis inscrit en arts plastiques parce que je voulais faire, déjà, de la bande dessinée. La section s’est transformée en infographie. Du coup, en fin de sixième, j’étais plutôt attiré par le graphisme. Et puis, à la dernière minute, au moment de m’inscrire à Saint-Luc à Liège, j’ai changé de file, et j’ai choisi la photographie.
Je suis resté en photo les trois années du cursus, que j’ai terminé avec une grande distinction. J’ai commencé à bosser au centre culturel des Chiroux. Depuis six ans, je bosse aussi comme régisseur à la Biennale de la photographie de Liège. Cela dit, je n’avais plus trop d’activités artistiques en photographie.
Changer de file au moment de l’inscription, ça ressemble à un coup de tête !
C’était un peu le cas. Je venais d’une section infographie où j’avais déjà appris pas mal de choses. En m’inscrivant dans la même branche à Saint-Luc, j’avais le sentiment de continuer ce que je connaissais déjà. Du coup, comme je suis quelqu’un qui s’ennuie très vite, j’ai voulu faire autre chose. Je ne connaissais rien à la photo, j’ai vu un gars passer avec un appareil en main, et j’ai trouvé ça super-cool. C’est aussi simple que ça.
Si l’on veut entrer dans les détails, j’aimais déjà bien faire des affiches et je me suis souvenu qu’il fallait une bonne image de base sur laquelle on applique du graphisme. J’adore le cinéma aussi, et comme les passerelles entre le cinéma et la photo sont naturelles…
Pouvez-vous nous parler de la série « Short Stories » présentée cette semaine dans la galerie de Karoo ?
En photo, je bosse beaucoup sur les ambiances chromatiques et sur le sens vertical. Dans le cadre de « Short Stories », au moment où j’ai associé les photos, les prises de vue étaient déjà faites. Quand j’ai pris ces clichés, je ne savais pas comment j’allais les associer.
Ce sont les ambiances et le registre chromatique qui les ont rapprochés. Pour la série « Chien » par exemple, tout est parti de la photo du milieu. L’ambiance est bleutée, froide. Je me suis souvenu que j’avais la photo d’un poster avec un chien de la même race. Puis j’ai retrouvé une photo du mur d’en face : une bibliothèque remplie de livres qui avaient pris le soleil et étaient devenus tout bleus. Graphiquement, ça marchait bien.
Mais je n’ai pas envie de leur donner un titre ou un sens trop directif. Je pense que si l’on veut communiquer avec le monde, il faut lui laisser un espace pour s’exprimer aussi. C’est impossible si tout est figé, si tout est dit. Il faut un dialogue, de la place pour l’échange. Sinon l’art devient trop égocentrique.
Dessin, infographie, cinéma, musique (vous êtes bassiste dans plusieurs groupes) et évidemment photo : quelle discipline vous inspire le plus ?
Je me considère avant tout comme plasticien. La différence entre photo, cinéma ou musique n’a pas beaucoup d’importance pour moi. Le plus important, quelle que soit la discipline, c’est d’être dans un processus créatif. J’aime la création par-dessus tout, peu importe comment.
Je pourrais m’attacher à n’importe quelle forme artistique. Mon père est boulanger et j’adore faire du pain : tout est prétexte à créer.