Héloïse Rouard
Les murs de la galerie virtuelle de Karoo sont fraîchement repeints et c’est Héloïse Rouard qui les étrenne en y exposant ses photographies. On profite de cette inauguration pour en savoir un peu plus sur son travail.
Les murs de la galerie virtuelle de Karoo sont fraîchement repeints et c’est Héloïse Rouard qui les étrenne en y exposant ses photographies. On profite de cette inauguration pour en savoir un peu plus sur son travail.
Héloïse Rouard : Avant tout, ils parlent d’émotions. C’est un travail qui va chercher son essence dans les émotions et dans la façon dont je mets en image ces émotions. Après, ils divergent dans les formats, selon le procédé que j’emploie : le téléphone portable, un appareil photo numérique classique, ou de la photocopie. Par contre, je privilégie le monochrome et le noir et blanc. Cela a l’avantage de rendre les choses plus intemporelles, et moins identifiables dans un espace-temps trop précis, ou familier.
Comment y parvenez-vous ?
Je suis dans un procédé d’expérimentation. La photo constitue pour moi un espace de partage d’émotions, de partage de libertés et de partage de connaissances. Cela part d’une expérimentation par essais et erreurs. Ensuite, j’arrive à un moment où l’image que j’ai créée est en phase avec ce que j’ai voulu raconter. Il y a aussi une volonté de ne pas se raccrocher à la réalité, d’éviter de pouvoir situer trop facilement mon travail dans un espace-temps précis. C’est aussi un moyen de le rendre plus universel. Il ne s’agit pas de parler de moi ou de mes émotions, mais de parler à tous, et que tout le monde puisse s’approprier mon travail. J’aimerais aussi ne pas permettre au spectateur de faire le tour de mes photos trop facilement. J’aimerais l’interpeller, l’interroger.
Est-ce pour cela que vous multipliez les sujets ?
Concernant les thèmes, il y a toujours en filigrane les émotions. Mais aussi la vie et la mort, et plus que la mort en fait : l’absence. Ce sont des thèmes qui m’animent.
On passe donc de cimetières à un environnement plus aquatique, et cela dans la même série.
Ce sont des univers différents, c’est vrai. Mais ils sont liés par cette thématique transversale. L’eau, c’est la vie bien sûr, mais c’est aussi l’étouffement et donc la mort… Ce sont des photos qui, l’air de rien, interagissent entre elles.
Comment construisez-vous ces séries, alors ?
Cela fait deux ans que je fais de la photo artistique, en autodidacte. J’ai suivi une formation à la galerie VU, à Paris, chez Jean-Christophe Bourcart. Avant, je prenais des images comme beaucoup le font et j’avais envie d’aller plus loin. Pendant ces deux jours de workshop , finalement, nous n’avons pris que peu de photos. L’idée était plutôt de savoir ce qu’on avait à dire en images, voire ce qu’on avait à dire tout court ! Ensuite, on s’est demandé quelles étaient les barrières qui ne nous permettaient pas d’exprimer ces idées. Il fallait repousser ses limites, et ce fut un déclencheur.
Par après, avec le même photographe, j’ai suivi une formation d’une semaine en Corse. Là, nous avons travaillé une série sur un thème qu’on aimait bien. C’était toujours de l’expérimentation, donc je n’en suis pas vraiment sorti avec une série cohérente. Mais ces bribes de séries m’ont permis d’affiner mon univers. Je ne crée pas de séries de toutes pièces, mais je collectionne des images prises à des moments différents, dans des circonstances différentes. À un moment donné, je peux raconter une histoire avec ces images éparses.
L’image pour moi n’est qu’un prétexte dans une découverte de moi-même, de mon histoire. C’est un moyen de provoquer, de susciter un dialogue avec mon entourage, un prétexte pour voyager, rencontrer du monde… C’est un moyen de dire des choses, mais aussi une invitation au partage et une façon de se sentir libre…
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