La Girouette expose à Ixelles
Histoires de vies brodées sur photographies chinées
Julie Vandenborre, alias La Girouette, dévoile pour la première fois en solo son univers brodé dans la boutique Kalamity Vintage du 6 au 12 septembre 2024. Elle redonne ainsi vie à des objets du passé grâce à une technique singulière de broderie sur des objets trouvés, créant des œuvres uniques empreintes d'humour, de poésie et parfois de politique.
Si Julie pratique la broderie depuis son adolescence, ce n'est que récemment qu'elle a commencé à l'appliquer sur des objets. Ce médium, qu'elle a adopté naturellement, a réveillé en elle un besoin viscéral de création, qui est parvenu à canaliser son énergie créative. Le surnom « La Girouette » fait référence à la nature éphémère de ses anciennes passions manuelles ou artistiques, qu'elle enchaînait avant de découvrir la broderie sur objet.
Tantôt humoristique, poétique ou politique, le travail de La Girouette se distingue par son originalité. La broderie, souvent associée au textile, est ici détournée pour raconter de nouvelles histoires sur des objets chinés dans différents lieux de la capitale.
« C'est presque devenu une obsession, car cela a pris la forme d'un véritable moyen d'expression, bien plus qu'une simple activité créative », explique Julie Vandenborre.
Son travail explore également la mémoire, racontant des histoires imaginées d'anonymes grâce à des compositions typographiques ou des motifs figuratifs. C'est une manière pour l’artiste de garder vivants ces individus, dont les clichés proviennent de séances photographiques du début du XXe siècle. En discutant avec elle, j’ai découvert que sa méthode de travail pouvait être guidée soit par un projet, soit par la découverte fortuite d'un objet. Par exemple, pour sa série empouvoirement, il lui était essentiel d’avoir des visages de femmes qui regardent l’objectif.
« Pour la série empouvoirement, l'objectif était de capturer la puissance de femmes qui regardent droit dans l'objectif, témoignant de la force de leur lutte. »
Cette série est particulièrement frappante : les mots brodés apparaissent comme des formules magiques, libérant symboliquement ces femmes que l’on imagine prisonnières des carcans sociétaux du début du XXe siècle.
Les créations de La Girouette naissent souvent du hasard et s’inscrivent dans une démarche circulaire. L’artiste attache une grande importance à ne pas générer de déchets. Ainsi, les cadres, les photos et même les livres utilisés dans ses œuvres sont intégralement chinés. J’ai été touchée par l’énergie que Julie met à collecter ces objets, rendant la démarche aussi significative que l’objet final. Cela m’a poussée à vouloir en savoir plus sur les histoires derrière chaque artefact de sa collection.
Enfin, un autre thème central dans le travail de La Girouette, est celui des préjugés. La façon dont chacun se projette devant ses images est différente. Nous avons tous notre manière propre d’imaginer la vie de ces modèles, mais Julie y apporte sa propre interprétation à travers ses broderies, offrant ainsi une nouvelle lecture surprenante.
Sa technique, à la fois esthétique et riche de sens, métamorphose ces anonymes oubliés en figures modernes et subversives. Julie Vandenborre, alias La Girouette, réinvente l’art de la broderie en l’adaptant à des objets trouvés, qu’elle pare d’histoires et de messages. À travers une démarche résolument circulaire et artistique, elle insuffle une nouvelle vie à des souvenirs oubliés, tout en interpellant sur les enjeux de mémoire, de préjugés et d’empouvoirement. Cette première exposition solo annonce un parcours artistique prometteur, ancré dans la poésie et la réflexion.