La compagnie Cliffhanger revoit ses classiques et modernise Les femmes savantes de Molière, en proposant Les femmes se vantent : critique d’une noblesse vétuste sur fond de musique des années 80.
Librement inspiré de la pièce Les femmes savantes de Molière, Les femmes se vantent est un saut dans le temps dans ce qu’aurait pu vivre les personnages du dramaturge français. Sur un fond de musique des années 80 et une modernisation telle que le public redécouvre ses classiques, Molière ne se retournerait nullement dans sa tombe, mais applaudirait des deux mains le travail de la compagnie Cliffhanger.
Henriette ( Sophie Decaestecker ) et Clitandre (Hans Mélot) souhaitent emménager ensemble sans nécessairement passer par le mariage. Situation commune et non dramatique qui pourtant fera réagir toute la famille noble d’Henriette qui ne conçoit pas les choses de la même manière. Entre une mère autoritaire (Laurie Stevens), un père soumis (Alexandre Van Campenhout), une soeur coincée (Audrey Colomb), une tante adolescente (Alizé Cookie Van Nieuwenhove), une tante libre d’esprit (Julie Gloesener) et un courtisan timbré et raté (Nathan Leclerq), Henriette doit trouver une solution pour que son futur avec Clitandre ne soit pas compromis !
C’est sur un set assez minimaliste comprenant un canapé, un fauteuil, une table de chevet, une lampe et quelques livres que se déroulent les commérages, les chimères et les jalousies de la famille de Chrysale, père d’Henriette.
Il y a trois siècles de cela, Molière se moquait du pédantisme des cercles bourgeois, qui se croyaient supérieurs par leur bel esprit et leurs manières. Ici, c’est la noblesse et les vieilles traditions qui prennent la poussière, et sont reprises et moquées sans pour autant tomber dans une lourdeur humoristique ou politique, que du contraire.
Ponctuée d’intermèdes musicaux sur lesquels le public se déhanche en même temps que les comédiens, la pièce est maintenue et solide du début à la fin. Il est plaisant de remarquer que tous les comédiens sont engagés à 100 % dans ce qu’ils font. C’est à croire qu’ils ont toujours été les personnages de Molière !
Cependant, malgré l’alchimie qui lie les comédiens entre eux, certains sortent du lot par leur performance hors du commun : chapeau bas surtout à Audrey Colomb (dans le rôle d’Armande) et Alizé Cookie Van Nieuwenhove (dans le rôle de Bélise). Alexandre Van Campenhout (dans la rôle de Chrysale) n’est pas en reste, son investissement au sein et pour la troupe n’est pas à ignorer. Celui qui dénote un peu est Nathan Leclerq (dans le rôle de Trissotin) qui vire facilement dans le burlesque et le mélodrame. Ceux qui m’accompagnaient ont néanmoins a-do-ré sa prestation !
Sur fond de noms datant du XVIIème siècle, le délire, lui, est bel et bien moderne. Pour ceux habitués ou non au théâtre, Les femmes se vantent de la compagnie Cliffhanger est idéal pour passer une superbe soirée avec des comédiens talentueux, une musique entrainante, une réécriture plus qu’accessible et un souvenir d’une histoire à la fois loufoque et absurde, mais absolument adorable.