critique &
création culturelle

Miki à la ferme du Biéreau

Une authenticité douce et acérée

Photo de Juliette Cornil

Le samedi 8 décembre 2025 à la ferme du Biéreau de Louvain-la-Neuve, Miki nous a offert un moment musical unique et authentique, à la fois doux et cathartique. Son nouvel album, Industry Plant, est sorti le 3 octobre 2025 et on le connait déjà par cœur. Plus qu’un simple début prometteur, c’est une œuvre accomplie qui marque déjà son époque.

Réclamée par un public dont la hâte se faisait sentir, Miki est arrivée sur scène avec son guitariste et son batteur sur fond de bruits extraterrestres. Tout commence avec un « J’crois pas que je me suis crash sur la bonne planète1 ». Tel un alien face à un monde actuel qui lui échappe, Miki, cool et nonchalante, représente bien la génération Z. La chanteuse n’est en effet pas un alien pour son public. À la fin de ce premier son, elle dit ironiquement « Rdv dans deux ans et c’est toi qui chanteras tout par cœur » ; mais pas besoin d’attendre, les jeunes spectateurs chantent déjà chaque mot comme un écho parfait. J’ai eu l’impression de vivre un temps suspendu, marqué par une proximité sincère entre le public et la scène. L’intérêt passionné des spectateurs s’est probablement construit par le genre musical unique et la parole libérée de Miki.

Décrivant elle-même son album comme de la pop électro, on voyage en fait d’un genre à l’autre, sans perdre de la cohésion. Sa pop alternative mêlant chant et rap est parfois séductrice et impertinente avec « Miki Cowboy » et son groove ternaire2, parfois plus sombre et gore avec « Roger Rabbit ». On retrouve également ce côté électro dans, par exemple, « Hajima » et « Bnf » dont la vibe distordue m’a rappelée le groupe Crystal Castle. Durant le concert, on a même eu droit à un peu de drum&bass. Néanmoins, ne vous y méprenez pas, le ton de Miki est toujours léger et sa voix semble presque naïve et innocente.

Photo de Juliette Cornil

Ainsi, la chanteuse ne se range pas dans une case et se définit par un style hybride. Sa personnalité est complexe, à la fois douce et crue. Elle ne se laisse pas faire, et ça fait du bien. Comme une porte-parole de la Gen Z, Miki rempli ses chansons de nostalgie 2000’s comme dans « Poly-pocket » où elle se compare à ces jeux de notre enfance ou évoque « Pimp My Ride3 ». De plus, elle dénonce des réalités contemporaines par des récits personnels : les situationships4 qui nous font perdre notre temps, les traumas d’agressions sexuelles, le harcèlement virtuel, l’absence d’un père, l’image de soi-même, la culpabilité de vivre sa vie dans un monde qui s’écroule… Et elle le fait sans détour. Ses textes sont honnêtes et directs, ses références sexuelles sont claires, et son autodérision est charmante.

Cette personnalité, on l’a retrouvée sur scène ce soir-là. C’est pourquoi la proximité s’est également faite par l’humanité et l’accessibilité de la chanteuse avec son public. Entre quelques chansons, les musiciens s’arrêtent et Miki nous parle comme si elle discutait avec ses amis les plus proches. On discute de Louvain-la-Neuve, ce que c’est d’être étudiant ici, notamment à l’IAD5 ; elle emprunte un chapeau de cowboy d’une spectatrice pour sa chanson « Miki Cowboy » ; elle se perd dans ses pensées et nous montre cette naïveté et cet humour qu’on retrouve dans sa musique. Le moment le plus marquant du concert reste son interprétation de « Particule » au cœur de la foule qui s’est finie par son invitation à orbiter autour d’elle6.

Photo de Juliette Cornil

Je ne peux que vous conseiller d’aller écouter Industry Plant pour vous laisser porter par l’univers décalé et pourtant si familier de Miki. Ses clips faits-maison sont d’ailleurs tout aussi représentatifs de son authenticité, je vous laisse avec leurs liens YouTube et m’en retourne écouter « Échec et Mat » en boucle.

Industry Plant

Miki

STRUCTURE, 2025

Vue le 6 décembre 2025 à la Ferme du Biereau, Louvain-La-Neuve

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