Quelle est la différence entre une personne qui entre en transe et un peintre qui peint ? La transe guérit-elle ?
D’après l’œuvre d’Oliver Sacks, médecin britannique auteur de
l’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau
, Hélène Lacrosse met en scène des troubles de la perception et de la sensation en proposant un spectacle mélangeant musique, théâtre et danse.
Un début de pièce très calme : un homme nous raconte qu’il se prenait pour un chien doté d’un odorat incroyable. Une mise en scène très épurée qui peu à peu est endiablée par les percussions : la musique entraîne les acteurs dans une danse très puissante et brutale.
Nous passons d’un cas clinique à un autre au rythme de la musique tout en découvrant les difficultés d’Oliver Sacks à suivre ses patients, à subir les critiques de ses collègues et à gérer son frère psychotique totalement dépendant de lui.
Mythologies est au premier abord une pièce légèrement hermétique et conceptuelle car nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe. Mais au fur et à mesure, le spectacle nous fait pénétrer dans la conscience de tous ces gens atteints de troubles que l’on nomme « fous » car ils ne nous ressemblent pas. La question de la « norme » se pose alors.
La pièce nous permet de nous questionner sur la conscience de chacun et le rapport entre le normal et le trouble.
À côté de ces quatre cas, Mythologies raconte aussi la situation d’Oliver Sacks. Sa relation avec son frère Michael est illustrée par une mise en scène assez atypique. Michael est enveloppé dans un hamac suspendu en hauteur sur la scène. Le spectacle met en avant la difficulté de vivre avec une personne souffrant de trouble. Oliver raconte qu’il ne peut inviter des amis à la maison car son frère peut faire des crises à tout moment. Quand Michael crie, Oliver met son casque pour ne plus entendre ses appels incessants. La scène de crise de Michael m’a beaucoup touchée puisqu’on le voit complètement enfermé dans le hamac qui se débat, et crie qu’on lui veut du mal. Oliver vient alors pour essayer de le rassurer mais Michael ne reconnaît même pas son frère.
À la fin de la pièce, chaque acteur prend une pelote de fil rouge et tisse toute la scène sous le rythme effréné des percussions. Je comprends alors que tous ces fils rouges symbolisent les liens plus ou moins proches entre le normal et le trouble, une métaphore qui illustre les questions soulevées tout au long de la pièce.