P-H associe la techno dance et groovy aux accents de percussions live, en poursuivant un objectif : se connecter à son public (en prenant soin d’augmenter les pulsations cardiaques de celui-ci !). Sur scène, le jeune performeur fait corps avec sa musique. Avant de livrer un puissant solo de batterie, P-H enivre progressivement son public avec un univers techno aux influences plurielles. Mise en exergue à l’aide d’une image saccadée et projetée en arrière plan, l’originalité des sonorités électroniques surprennent. À la manière d’un sortilège bien rodé, P-H vous hypnotise pour mener vers un climax bluffant : ses inspirations musicales foisonnantes se fondent alors avec les impulsions des baguettes pour former une expérience unique.

Conscient de la particularité de sa proposition musicale, il refuse de se ranger sous l’étiquette « expérimentale » et se qualifie plutôt de « performeur et producteur original ». Bien que la techno lui colle à la peau, P-H est loin d’être un oiseau de nuit :

Pour faciliter l’expérience des spectateurs et spectatrices, P-H montre l’action derrière le son qui en découle, avec sa batterie acoustique. Il peut également avoir recours à une alternative plus pratique : ses pads ー équivalents électroniques et transportables de son instrument de prédilection. Quand Karoo l’interroge sur les éventuels artistes dans la même veine que le projet P-H, le jeune techno-batteur évoque la batterie agressive noise punk, mêlée à des boucles électro samplées de Landrose ou l’autrichien Kink, qui a mis au point un dispositif interactif lors de ses lives.

Avant de commencer à se produire sur scène, P-H a d’abord été bercé par de longs trajets en voiture rythmés par les groupes Coldplay et Muse. Alors que son père est un musicien amateur, un studio miniature composé d’une batterie, d’une basse et d’un synthétiseur s’invite à la maison. Très vite, il joue de ces instruments avec sa sœur. Cette complicité est toujours présente, puisque P-H n’hésite pas à se produire aux côtés de DC Lou qui quant à elle, s’épanouit aujourd’hui dans la dream pop. Sur cette lancée familiale et artisanale, P-H prend des cours de batterie dès ses 8 ans et forme ensuite un groupe de rock durant son adolescence. Quelques années plus tard, il décide de traverser la manche pour étudier minutieusement les rouages de la musique à Londres. Durant ses études, il aiguise un regard critique sur différents courants musicaux et développe un réseau qui l’inspire : « là-bas, j’ai commencé à écouter des artistes tels qu’Arca¹ ou SOPHIE² » explique t-il. Toutes deux ont agi comme des pionnières dans le monde de l'électro et de la pop expérimentale, en révolutionnant les codes de ces genres.

En évoquant cette parenthèse britannique foisonnante, P-H revient sur les cours qui l’ont marqué : « Il y avait un cours intitulé sonic arts qui consistait à comprendre la composition d’un son. En fait, ce n’est pas une pratique particulièrement récente, puisque cela a émergé avec la culture underground. Ces cours-là, c’était un peu comme une sorte de méditation. Ça m’a marqué parce que finalement, où que tu sois, c’est impossible de ne rien entendre. Des sons nous entourent en permanence quand on y prête attention ». Il apprend également à créer de la musique avec des logiciels, au lieu d’avoir recours au drag and drop. Concrètement, il s’agit de faire naître une ligne de code plutôt qu’utiliser un sample³. Il clôture son aventure avec l’écriture d’un mémoire de fin d’études autour de cette question obsédante : comment réaliser une prestation engageante pour le public ?

C’est en tentant de répondre à cette question que le projet P-H naît à Bruxelles en 2022, avec la ferme intention de mêler la musique techno à l’énergie dégagée lors d’une performance live. Il démarre avec le label 10 et commence progressivement à se produire via l’organisation d’évènements DIY. En 2023, P-H sort son premier EP, remporte le concours Lift organisé par le Dour festival, et joue devant un public de 2500 personnes. Un an plus tard, il participe au Concours circuit, événement incontournable de la scène musicale émergente en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il prend alors ce tremplin d’assaut, et devient l’un des finalistes de l’édition 2024, notamment grâce à son morceau « Pushin on ».

Cette expérience lui permettra d’approfondir la facette percussionnée de son projet et ce dès la phase de création de ses morceaux : « mon objectif était de pouvoir mettre ma batterie au devant de la scène durant 2 à 3 minutes ». En effet, P-H souhaite débuter en tant que performeur live, et non en tant que DJ : « il y a une part de vulnérabilité plus prégnante dans l’approche que je développe. Selon moi, le mixage vise à créer une ambiance festive et cela me correspond moins ». Si le beat techno qui émane de ses morceaux peut laisser penser que son univers va de pair avec le clubbing, PH s’identifie pourtant davantage au public de la scène electro jazz bruxelloise. D’ailleurs il adorait aussi être booké à des sober parties !

Fasciné par l’ambiance des concerts de musique ー synonymes d’euphorie et d’émulation, P-H évoque sa quête de l’« état de flow » : « c’est comme être aspiré par ce que tu crées. En fait, dès que j’écoute ma musique, mon cœur bat plus fort ». Dans la lignée de ses derniers morceaux marqués par des influences métal, son prochain EP, prévu pour la fin de l’année 2025, se veut plus sombre. De plus, P-H compte y ajouter davantage de paroles « glitchées » ーdes saccades sonores chaotiquement contrôlées qui jouent avec la texture sonore. Avec ce projet encore plus affirmé, P-H souhaite transmettre un puissant sentiment de liberté collective. D’ici là, on peut s’attendre à découvrir l’un ou l’autre single sur ses réseaux sociaux… Stay tuned !