Prix des Lycéens du cinéma 2014 :
La remise du prix des Lycéens du cinéma 2014, c’était ce mercredi 7 mai, dans le centre de Bruxelles. L’auditoire du Passage 44, en présence des cinq réalisateurs en compétition et de deux ministres, était plein. Au final, c’est Matthieu Donck qui emporte la mise pour Torpédo , mais l’important n’était pas là.
Quel point commun existe-t-il entre un casque de vélo, un t-shirt orné d’une licorne, une tête de rhinocéros en kit, un capteur de rêve amérindien et un baptême de l’air en montgolfière ?
Ce sont tous des récompenses du prix des Lycéens du cinéma 2014.
À prix spéciaux, cadeaux spéciaux
C’est que le prix des Lycéens du cinéma n’est pas un prix comme les autres. S’il est remis par 6 500 élèves du secondaire supérieur, sa plus grande originalité est ailleurs. Xavier Dessaucy, l’un des membres du comité pédagogique de cette édition 2014, explique le principe : « Les classes inscrites reçoivent les films sélectionnés, les visionnent et travaillent sur chacun d’eux. Ensuite, en classe, les élèves essaient d’imaginer quel prix pourraient recevoir ces films. Les délégués de classes sont ensuite chargés de défendre leurs propositions devant leurs homologues. »
C’est la raison pour laquelle les récompenses décernées par les lycéens comprennent cette année un prix « de la plus belle rencontre », un prix « des images à couper le souffle », un prix « des silences les plus riches de sens », un prix « de l’envol » et un prix « du plus beau chemin de vie ». On vous laisse le plaisir de relier les cadeaux reçus par les réalisateurs aux films récompensés.
Palmares 2014
Prix des images à couper le souffle : les Géants (2011), de Bouli Lanners, avec Marthe Keller, Martin Nissen, Zacharie Chasseriaud et Paul Bartel.
« Bouli Lanners fait de sa caméra un pinceau pour nous raconter l’histoire de trois petits poucets abandonnés dans la forêt profonde. À travers son regard d’artiste, les paysages de nos Ardennes deviennent des lieux de légende, peuplés d’ogres et de bonnes fées. Et l’on se prend nous aussi à rêver d’aventure dans un monde réenchanté… »
Prix du plus beau chemin de vie : Kinshasa Kids (2013), de Marc-Henri Wajnberg
« En se penchant sur le sort de gamins des rues livrés à eux-mêmes, Kinshasa Kids aurait pu tomber dans le piège de l’apitoiement. Au lieu de cela, le film est un hymne à l’élan vital de ces enfants qui puisent leur incroyable force dans la solidarité et l’amour inconditionnel de la musique. Le plus beau chemin de vie que nous voulions récompenser, ce n’est pas seulement celui des jeunes protagonistes du film mais aussi celui de Marc-Henri Wajnberg qui s’est investi auprès de ces enfants bien au-delà du tournage. »
Prix de l’envol : Mobil Home (2012), de François Pirot, avec Guillaume Gouix et Arthur Dupont.
« L’intitulé de ce prix nous semblait tout indiqué pour le film de François Pirot qui met en scène deux amis qui s’attardent dans l’adolescence. Leur tentative malhabile de quitter le nid se soldera par un voyage immobile mais pas inutile, puisqu’il les amènera à se lancer dans l’aventure de leur vie d’adulte en sachant un peu mieux qui ils sont. »
Prix des silences les plus riches de sens : Le monde nous appartient (2013), de Stéphane Streker, avec Vincent Rottiers, Ymanol Perset et Olivier Gourmet.
« Nous avons été impressionnés par l’atmosphère sonore originale que Stephan Streker a réussi à créer. Dans des scènes emblématiques qui nous resteront en mémoire, il laisse la force de ses images nous parler au-delà des mots. À travers les parcours croisés de deux jeunes hommes qui sont comme les deux faces d’une même médaille, le film nous pose la question de l’influence de nos relations et de notre milieu sur les choix d’existence que nous posons. »
Prix de la plus belle rencontre : Torpédo (2012), de Matthieu Donck, avec François Damiens, Audrey Dana et Cédric Constantin.
« On ne choisit pas sa famille, dit-on. Torpédo prend le contre-pied du proverbe et nous entraîne à la suite d’un looser magnifique qui parvient à fédérer autour d’un projet fou des êtres un peu cabossés par la vie. Le regard plein d’humour et de tendresse que Matthieu Donck pose sur ses personnages est contagieux et sous l’apparence légère d’une comédie, son film nous fait prendre conscience de la force des liens qu’on se choisit. »
Deux prix supplémentaires, plus classiques ceux-là, ont aussi été décernés. Le prix des Délégués, remis par Fadila Laanan, ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; et le grand prix, remis par Marie-Martine Schyns, ministre de l’Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Prix des délégués :
Le monde nous appartient
(2013), de Stéphane Streker.
« On a déjà salué la qualité de la bande-son du film de Stephan Streker. Nous, les délégués de classe, avons aussi voulu, par notre prix, récompenser sa maîtrise de la technique cinématographique et, en particulier, ses effets de caméra audacieux qui donnent à son film une atmosphère poétique et mystérieuse. Ses choix narratifs sont également très réussis : le suspense s’installe dès les premières minutes et l’on est emporté dans les sillages parallèles de ses deux protagonistes jusqu’à leur confrontation dans une dernière séquence qui nous renvoie à la première image du film. »
Grand prix :
Torpédo
(2012), de Matthieu Donck.
Matthieu Donck :
Une rencontre, sous forme de prix
Ce prix des Lycéens est un excellent moyen (qui a dit prétexte ?) de rapprocher deux espèces qui ne se côtoient pas forcément naturellement : des adolescents de 16-18 ans et des réalisateurs belges.
Bouli Lanners (
les Géants
) ne cache pas son intérêt pour ce prix :
Un sentiment d’ailleurs confirmé par Arthur et Arielle, de l’Athénée royal Uccle 1 :
Stéphane Streker, Marc-Henri Wajnberg, François Pirot, Bouli Lanners et Matthieu Donck, n’ont pas laissé passer l’occasion de poursuivre la discussion avec leur nouveau public. Et cette rencontre inédite, sous forme de prix, c’est bien cela qu’on retiendra.