Guitare à la main, un vagabond a troqué mi-janvier les grands vents des Cornouailles pour la fine pluie de Wallonie. Les mélodies folk blues de Charlie Winston sont venues réchauffer l'air hivernal, pour le plus grand plaisir du public belge de la Ferme du Biéreau.
Pop-rock, indie, blues avec un touche de folk : difficile de classer Charlie Winston dans un seul genre musical. C’est sans doute l’honnêteté de ses textes et la vulnérabilité qui s’en dégage que nous gardons au coeur, tout comme son plaisir de partager ses chansons à un public restreint. Pour son premier Belgium Solo Tour , les pas de Charlie Winston l’ont emmené pour un dernier concert, sold out depuis quelques mois déjà, sous les poutres de la Grange de la Ferme du Biéreau à Louvain-la-Neuve. Précédé par le chanteur italien Albert Eno aux musiques folk-rock, le Britannique nous a offert un moment suspendu par ses mélodies rythmées et sincères.
Plus connu pour son titre Like a Hobo sorti en 2008, Charlie Winston a dévoilé son dernier album, Square 1 , en 2018 dont les morceaux ont été particulièrement inspirés par tous les moments un peu dissonants qui peuplent nos quotidiens. Plein de justesse, il nous confie sur la scène ses inspirations : tandis qu’« Airport » est le résultat d’une rencontre à Berlin avec un réfugié ayant perdu toute sa famille dans le bombardement de sa ville, « In Your Hands » décrit le désespoir des immigrés. Le poids de la solitude avec « Hello Alone », l'inadaptabilité scolaire avec « Here I Am », l’interminable attente avec « Until Tomorrow » face à l’incertitude de l’examen médical de son fils... Des thématiques qui permettent de donner voix à ceux qui ne l’ont peut-être pas toujours, et qui sont venues remplir tout l’espace de la salle, accompagnées par deux guitares, un piano et un looper .
Et pourtant, Charlie Winston ne perd jamais ce sourire, porté par l’enthousiasme de son public et par la justesse de ses collaborations musicales. Comme il le déclare à ses fans, il n’oublie pas de passer du temps avec les artistes tout en partageant ses musiques dans des plus petites salles. Accompagné par les chants des spectateurs, il a partagé la scène le temps d’un morceau avec Albert Eno sur « Evening Comes » pour être rejoint, quelques chansons plus tard, par son dusty friend Saule sur « Dusty Men ». Proche de son public, Charlie Winston nous appelle à ne pas perdre contact avec « Losing Touch » avant de signer quelques exemplaires de Square 1 . Quand je lui ai demandé ce qu’il aimait dans le public belge, il m’a répondu « I guess we have the same humour (...) the same irony » 1 . Effectivement, il aura su nous toucher avec son humour, son enthousiasme et ses chansons pleine de sincérité !