Rétrospective culturelle 2022
2022 s’achève et au moment de regarder en arrière, je ne peux que constater que le cinéma a occupé une bonne partie de mon temps. Déménagement du Kinograph où j’avais l’habitude d’aller, arrivée du pass Cineville, naissance du magazine Surimpressions … autant d’événements qui ont attiré mon attention et qui prouvent que le cinéma est bien vivant en Belgique.
2022, c’est aussi l’année de mes premières contributions au site Karoo, qui me permettent de développer de nouvelles compétences tout en partageant l’une de mes passions. Voici donc les films (et série) qui m’ont marquée cette année.
Mes rendez-vous avec Léo , Sophie Hyde, novembre
Mes rendez-vous avec Léo ( Good Luck to You, Leo Grande ) de la réalisatrice Sophie Hyde est un film qui fait énormément de bien. Tout d’abord, je suis très touchée par les thématiques qu’il aborde, à savoir, entre autres, l’acceptation de son corps dans une société où l’on est submergé de diktats. Je dois dire qu’Emma Thompson, qui se met totalement à nu devant nous, du haut de ses soixante-trois ans, m’en bouche un coin. Je l’aimais déjà depuis Love Actually , et elle est encore montée dans mon estime. Dans ce film, elle incarne une enseignante à la retraite qui a perdu son mari deux ans auparavant. Après une longue réflexion et beaucoup d’hésitations, elle décide de faire appel aux services d’un travailleur du sexe, Leo Grande, dans l’espoir de découvrir le plaisir sexuel qu’elle n’a jamais connu. Ce scénario simplissime en apparence, développé en quasi huis clos, donne pourtant lieu à des dialogues profonds et drôles à la fois. Mes rendez-vous avec Léo est une invitation à s’accepter, mais aussi une ode aux plaisirs de la chair comme moyen d’émancipation et de réalisation de soi. Bref, un vrai régal !
En corps , Cédric Klapisch, mars
Toujours dans le registre « feel good movie », En corps de Cédric Klapisch retrace la reconversion d’Élise, une jeune danseuse étoile dont la carrière est interrompue par un accident. Elle, qui pensait ne plus pouvoir danser, croise alors le chemin d’une troupe de danse contemporaine qui la prend sous son aile. Elle va découvrir un tout autre univers pétri de bienveillance et de synergie. Marion Barbeau, danseuse avant d’être actrice, interprète le personnage d’Élise avec justesse et simplicité. Autour d’elle gravite un casting de choix. Le chorégraphe n’est autre qu’Hofesh Shechter, également chorégraphe dans la vraie vie, et la troupe est aussi sa troupe réelle. Moi qui ne connais pas bien la danse contemporaine, qui la voyais d’ailleurs plutôt comme un art hermétique et inaccessible, j’ai été charmée par l’image qu’en propose Cédric Klapisch . La musique, la tendresse palpable entre les personnages et l’énergie qu’ils dégagent en dansant nous offrent une expérience magnifique, émouvante, parfois drôle, qui met du baume au cœur.
La mini-série de Tim Burton, très attendue de ses fans – dont je fais plus ou moins partie – ne m’a pas déçue. Wednesday se concentre sur le personnage de Mercredi, la fille de Gomez et Morticia, qui se fait renvoyer de son école et est forcée par ses parents d’intégrer un pensionnat pour « marginaux », l’académie Nevermore (qui fait directement penser à Poudlard). Accompagnée de « la Chose », une main déconnectée de son corps et pourvue d’intelligence, elle se met à enquêter sur une série de meurtres commis par un monstre. À mes yeux, cette enquête est surtout un fil conducteur qui permet à Tim Burton de développer un récit initiatique et de transmettre par la même occasion une série de valeurs et de leçons autour du thème de l’adolescence. Le petit plus : un humour pince-sans-rire communiqué par une géniale Jenna Ortega dans le rôle de Mercredi qui passe son temps à faire de l’ironie sans jamais lâcher un sourire.
Blonde , Andrew Dominik, depuis septembre (Netflix)
J’apprécie la valeur des films aux émotions qu’ils engendrent, et Blonde m’a fait l’effet d’un gros coup de poing. Plutôt désagréable, donc, mais je dois reconnaitre que c’était bien visé. Andrew Dominik nous livre une biographie de Marylin Monroe, adaptée du roman de Joyce Carol Oates, qui souligne de manière cauchemardesque les épreuves traversées par la célèbre actrice. Cette dernière est incarnée par Ana De Armas (qui a joué le rôle de Marta dans À couteaux tirés ). D’abord agacée par sa façon de parler, j’ai compris ensuite que c’était exactement comme cela que s’exprimait l’icône américaine . Je ne connaissais pas sa vie et n’avais pas lu de critique du film avant de le regarder. J’étais loin d’imaginer toutes les horreurs qu’a endurées Marylin, de son vrai prénom Norma Jean. Celles-ci ont sans doute été réinventées au service de la fiction ; il n’en reste pas moins que son expérience de femme instrumentalisée et sexualisée est véridique.
Le pass Cineville, depuis fin juin
Une des bonnes nouvelles de 2022 pour les cinéphiles bruxellois, c’est l’arrivée du pass Cineville à la fin du mois de juin. Pour une vingtaine d’euros par mois, cette carte donne un accès illimité à 7 cinémas indépendants : Aventure, Cineflagey/Kinograph, Galeries, Cinematek, Nova, Palace et Vendôme. Autant dire que c’est quelque chose que j’attendais depuis longtemps ! J’ai toujours préféré les « petits » cinémas, comme je les appelle, aux chaînes mastodontes comme Kinepolis. C’est beaucoup plus charmant ! J’ai ainsi découvert avec amusement les fauteuils « confort » du cinéma Aventure qui permettent de s’allonger. Il me reste une résolution pour 2023 : rentabiliser l’abonnement. Eh oui, je dois admettre que je suis parfois tentée de succomber à la flemme et au fameux combo Netflix-canapé-crème glacée. Mais je suis convaincue qu’aller voir les films en salle doit rester une habitude, que les cinémas – a fortiori les cinémas d’art et d’essai – ont encore toutes leurs raisons d’exister de nos jours.