Du 30 novembre au 7 décembre 2018, un vent méditerranéen s’est propagé sur la ville multiculturelle de Bruxelles. Fictions, documentaires, courts métrages, concerts, soirées et spécialités culinaires, tout s’est mélangé au Festival cinéma méditerranéen de Bruxelles.
« Il n’y a pas que les prisonniers qui sont prisonniers. Quand on naît en Palestine, on est prisonniers, qu’importe le côté duquel on se trouve », nous dit Bassam Jarbawi, le réalisateur, présent au cinéma Aventure ce 3 décembre 2018 à Bruxelles, pour le Festival du cinéma méditerranéen. Il a quitté son pays pour étudier le cinéma à New York mais il y est revenu afin de partager les difficultés de son peuple au travers d’une fiction.
Nous suivons Ziad, un jeune de dix-huit ans. Lors d’une sortie en voiture, Ziad est arrêté pour un crime qu’il n’a pas commis. Ses amis coupables ne seront jamais dénoncés. Quinze ans plus tard, à sa libération, ses proches l’accueillent comme un héros. Il se retrouve en décalage avec la technologie, sa famille, son avenir et tout ce qui l’entoure. Il essaye de réapprendre à vivre, en gérant ses traumatismes.
Comment peut-on retrouver une vie normale après quinze ans dans une prison ? Qu’est-ce qu’on fait à présent ? Comment gère-t-on ses traumatismes ? Ziad est perdu dans sa vie. Il ne sait plus qui il est. La lumière se concentre sur lui et sur ses difficultés à faire face au monde qui l’entoure, aux gens qui lui font face, à la société qui a changé. Chaque tâche qu’il entreprend est une épreuve. Son entourage ne sait pas comment l’aider. Ses proches passent pour des idiots qui n’arrivent pas à gérer ce nouveau Ziad. Ces personnages secondaires n’ont pas assez de temps à l’écran pour que le spectateur comprenne leurs intentions, surtout la sœur de Ziad qui veut absolument le caser avec une de ses amies et son jeune ami tagueur.
Les dialogues entre Ziad et une documentariste palestino-américaine sont les plus intéressants. Ils exposent le fait que Ziad considère être coincé dans son pays : il y est né et il va sûrement y mourir. Il estime qu’elle ne peut pas le comprendre et qu’elle fait semblant de s’intéresser à son cas pour se donner bonne conscience. Ensuite, elle retournera dans sa bulle dorée qu’est l’Amérique. Et lui il restera là, bloqué. Bloqué dans son pays en guerre éternelle, bloqué dans ses pensées, bloqué dans sa vie. Le spectateur constate cette paralysie et peut éprouver de l’empathie pour cet homme. L’enchaînement entre son arrestation, la prison et sa libération est un peu trop rapide pour que l’on puisse discerner ses traumatismes en profondeur.
En ce qui concerne les décors, Screwdriver a vraiment été tourné en Palestine. Les gens ont ouvert leurs maisons pour le bien du tournage. Pour le réalisateur, « c’était organique de travailler avec des gens qui ont été vraiment en prison ». L’absence de réelle compréhension de ce qui peut se passer en prison est un des seuls défauts de ce film et rend difficile l’empathie complète du spectateur envers Ziad.