Le Millenium Festival fête en 2018 ses dix ans d’existence. Pour lancer cette édition anniversaire, un dépaysement total et une rencontre avec le monde et l’atmosphère de l’Arabie saoudite : The Poetess de Stefanie Brockhaus et Andreas Wolff est un hymne à la liberté qui retrace le parcours hors du commun de Hissa Hilal.
The Poetess , c’est le parcours peu commun d’une Saoudienne qui nous propulse dans l’ambiance de son pays. Hissa Hilal, passionnée de poésie, décide de participer à une télé réalité mettant en scène une compétition de poésie. Projet audacieux, car peu de femmes participent à la compétition et celles qui essayent sont souvent éliminées dès le premier tour. Mais Hissa est différente. Contrairement aux femmes qui participaient au concours dans les émissions précédentes, Hissa connaît la poésie et est très à l’aise pour en écrire. Retenue au premier tour, Hissa poursuit la compétition en abordant des sujets délicats. Critiquant l’islam extrémiste ainsi que le terrorisme, elle dévoile son ressenti par rapport à la religion et à ses dérives. Déterminée à gagner le concours pour prouver qu’une femme peut s’imposer et gagner face à des hommes, elle s’expose à de nombreuses critiques venant des mouvements traditionalistes.
À côté de son parcours dans la compétition, le documentaire relate la rencontre avec une femme. Une femme musulmane qui s’exprime sur sa vie, sur sa religion. C’est avec elle que je découvre cette société du Moyen-Orient où la religion musulmane est omniprésente et où la femme n’est pas respectée et est considérée comme un enfant. Je me rends compte alors que la lutte pour la liberté des femmes est un combat qui n’est pas du tout acquis dans certains pays. Mais je me rends compte aussi que l’a priori de la musulmane qui n’a aucun droit n’est pas forcément vrai non plus. Je découvre une culture et une façon de penser tout à fait différentes des miennes. On dit souvent que des femmes comme Hissa ne sont pas heureuses et sont privées de tous leurs droits . La poétesse a un discours assez vague sur la question. Pour commencer , elle dit que la femme n’est pas forcément mal traitée en Arabie saoudite. Hissa explique, par exemple, les origines du port du voile pour les femmes et les hommes bédouins, que cela avait une réelle utilité dans le temps. Mais elle ne s’exprime pas sur le fait que les femmes continuent à cacher leur visage alors que les hommes ne le font pas. Parallèlement, son appel à la liberté des femmes est clair puisqu’elle-même dit que si elle pouvait enlever sa burqa, elle le ferait sans hésiter. C’est donc un double discours un peu paradoxal qui, très probablement, lui a permis de ne pas être censurée ou éliminée du concours. Essayant de m’identifier à cette femme, je réalise très rapidement qu’il m’est difficile de trouver des liens entre elle et moi. Nous ne vivons pas les mêmes choses. Je comprends alors que Hissa ne se plaint pas de son pays mais plutôt des dérives de l’islam radical.
« Une femme européenne peut être plus malheureuse qu’une femme musulmane »
Une phrase marquante qui illustre les différences sociales d’une culture à l’autre et qui, même si on le sait déjà, nous rappelle que l’on ne peut comparer des cultures aussi différentes.
Entre l’appel à la liberté, le témoignage d’une femme, la découverte du monde arabo-islamique et la compétition, on peut se perdre : beaucoup de sujets traités et qui, parfois, nous font perdre le fil. Quatre-vingt-dix minutes de thématiques variées et toutes intéressantes mais qu’on pourrait, chacune, approfondir d’avantage.