Hollywood de Scylla
This is your song (111)
Une chanson, illustre ou inconnue, c'est le principe plus de cent fois renouvelé de This is your song.
Au sein de la culture riche que représente le rap belge, Scylla se démarque étonnamment. Avec des débuts dans le hip-hop, au travers notamment de sa participation à la fondation de OPAK, il se révèle dans sa carrière solo comme un auteur-compositeur-interprète aux inspirations multiples. Dans ses albums, on retrouve l’influence de la poésie française, de la musique classique (à travers sa collaboration depuis 2018 avec le pianiste Sofiane Panmart) mais aussi de chanteurs belges francophones comme Jacques Brel ou Arno.
Hollywood raconte, en des termes concrets, la décision de se changer soi-même afin de répondre aux attentes de l’être aimé, quitte à renier ses propres valeurs. Alors que Scylla ponctue ses albums de textes très tendres autour de l’amour, celui-ci assume pleinement l’ambiguïté des sentiments qu’il exprime.
Moi qui erre, moi qui cherche la paix, moi qui faisais face au vent
Moi qui jurais un jour transpercer leurs tanks avec un drapeau blanc
Moi qui prenais toute forme de haine comme de la pure ignorance
Si tu veux jouer, je peux déclencher les pires extrémités de violence
Montre-moi quelques exemples de guignols qui peuvent te faire perdre la tête
Promis, j'apprendrai à tous les imiter par cœur comme la chair de ma chair
J'enfilerai un autre visage : celui qui t'arrachera l'cœur
Ce n'est pas un être humain honnête que tu cherches toi, non, c'est un bon acteur.
Si les paroles dépeignent un rapport toxique à l’amour (et qui renforce par ailleurs le cliché selon lequel les femmes préfèrent les bad boys ), elles laissent également la place au dilemme que le narrateur s’impose à travers la violence de cette relation ; une violence qui n’est en aucune façon glorifiée, mais simplement exposée, en toute franchise.