Un mutant enfin mature
Pour les amateurs du genre, le mois de mai marque le début de la période bénie au cinéma : l’été et ses blockbusters parmi lesquels les films de super-héros sont de plus en plus présents. Attardons-nous cette fois sur le dernier X-Men : Days of Future Past dont les enjeux sont plus élevés qu’il n’y paraît.
Quarante-huit. C’est le nombre approximatif de films mettant en scène des super-héros depuis l’arrivée de X-Men en 2000. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils en auront fait du bruit nos mutants. Cette brèche, ouverte à coup de griffes de Wolverine, a permis l’arrivée d’une production massive qui, si elle continent indéniablement son lot de daubes, est parvenue à garder un standard de qualité assez époustouflant. Cependant, chaque médaille a son revers et cette profusion de films a des conséquences. En effet, il devient difficile pour le non-initié de s’y retrouver dans toutes ces sagas et tous ces univers, surtout quand ceux-ci ont la bonne idée de se mélanger une fois sur deux. Petite séance de rattrapage donc.
Généralisons : le monde du comic book américain est principalement dirigé par deux mastodontes : DC Comics et Marvel qui, par ailleurs, possèdent chacun leur studio de production cinématographique. On passera rapidement sur DC qui au-delà de Batman et de Superman (avec néanmoins une mention spéciale pour la série télé Arrow plus que sympathique) se cherche toujours et peine à trouver sa place. Attardons-nous plutôt sur le cas Marvel qui est aussi intéressant que bordélique, et ce à cause d’un problème de droits qui répartit son écurie de super-héros chez trois compagnies différentes. La première est la Fox (X-Men, Fantastic Four), la deuxième Disney (Iron Man, Thor, Avengers) et la troisième Sony (Spiderman). Si Disney est parvenu à créer un univers cohérent et plaisant pour le fan, ce n’est clairement pas le cas des deux autres qui enchaînent les films sans trop se soucier de la continuité. Mais, revenons à nos mutants.
La saga X-Men est probablement le pire exemple possible de cohérence au sein d’un même univers. En effet, après une première trilogie de très bonne qualité sous la houlette de Bryan Singer, on a vu s’enchaîner deux épisodes consacrés à Wolverine et un film préquel qui ont rendu presque impossible n’importe quelle tentative de compréhension de la chronologie (si l’on considère qu’elle existe encore). C’est à ce moment là que Papa Singer se réveille et revient aux manettes avec la volonté de remettre un peu d’ordre dans ce fouillis en nous proposant Days of Future Past . En théorie, on applaudit des deux mains. En pratique, l’exercice est plus que complexe.
Et pourtant, la magie opère dès les premières secondes. Même si, comme souvent dans ce genre de films, le scénario tient sur un timbre-poste (Wolverine est envoyé dans le passé pour empêcher un génocide mutant avant même que celui-ci ait débuté), on retrouve directement la patte de Singer qui se sert d’un film grand public pour soulever des questions bien plus importantes sur le racisme, le rejet ou encore l’acceptation de soi. De plus, on observe une qualité dans la réalisation, le jeu d’acteurs et les dialogues qu’on avait plus ressentie depuis le second épisode.
Le film n’oublie pas pour autant de nous en mettre plein les mirettes. Entre les scènes d’actions faisant la part belle à une farandole de pouvoirs et d’autres séquences mettant à l’honneur une démesure complètement assumée, le spectateur en a pour son argent. De plus, l’humour n’est pas oublié bien qu’il soit principalement référentiel. C’est somme toute logique : il s’agit ici de regagner la confiance du fan .
Pari rempli donc pour une saga qui revient de loin. Bryan Singer a réussi le tour de force alors que plus personne n’y croyait. En un film, il est parvenu à gommer la majorité des incohérences qui plombent la saga depuis des années tout en proposant un final rempli de questions et qui n’augure que du bon pour la suite. Espérons juste que ce niveau de qualité sera maintenu pour la suite qui est (évidemment) déjà programmée pour 2016.
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