Mon avis sur le film est assez négatif : en sortant de la salle j’ai eu la désagréable sensation d’être resté sur ma faim. La question des violences policières n’est pas nouvelle, sa récente émergence n’est que la partie visible d’un iceberg. Le sujet est complexe et doit être traité comme tel. D’une certaine façon, j’ai eu l’impression d’être sorti de la salle aussi peu instruit qu’en y entrant.

Le film est charmant, c’est indéniable. Le sujet sollicite les cœurs, déchaîne les foules. L’émotion est parfaitement retranscrite dans la réalisation. Les choix d’extraits sont pertinents et percutants, le film est bien rythmé. Il rend compte de l’intensité des manifestations et de l’absurdité de l’information délivrée par certains médias. Il nous plonge ainsi dans la même confusion que celle de la crise gilets jaunes, nous fait ressentir le même sentiment d’injustice.

La forme est certes irréprochable mais si le fond ne suit pas, c’est que le documentaire passe d’information à désinformation et c’est bien ce que je lui reproche.

Sur ce point, rien ne va. Les idées amenées dans le documentaire sont tout juste effleurées. La situation des quartiers est balayée en une phrase, celle des policiers n’est même pas soulevée. Les arguments de la partie adverse sont presque parodiés et le film ne laisse aucune place à la confrontation des idées.

Finalement, le film donne l’impression de n’avoir qu’un seul message : les violences policières existent. Il me semble que, tel quel, le documentaire ne pourra pas convaincre quelqu’un qui ne l’est pas déjà en arrivant dans la salle. Tout l’intérêt est là : quel est le public visé ? Il est évident qu’en sortant j’étais d’accord avec le propos du film mais je suis déjà un initié. Un public facile, prêt à consommer par simple volonté de confirmer ces idées. Je suis sûr qu’un individu qui ne croit pas en l’existence des violences policières ressortirait avec la même certitude car encore une fois, le film ne laisse pas de place à la confrontation.

Malgré tout, Un pays qui se tient sage ne m'a pas rien appris. Comme dit plus haut, le choix des extraits est très pertinent et certains se suffisent amplement, avec en tête Macron qui affirme devant des millions de Français que les violences policières n’existent pas. Cet extrait, présenté dans le film, décrit à lui seul une réalité absurde, une dichotomie glaçante entre le discours médiatique et la réalité du terrain. Une réalité encore plus percutante observée à froid quelques années après les faits.

Pris comme un recueil d’extraits, ce documentaire fait un travail formidable. Le problème est qu’il essaye de se pencher sur le terrain de l’analyse et qu’à mon humble avis il a échoué.