Vermines de Sébastien Vanicek
Sales bêtes
Premier long métrage du réalisateur Sébastien Vanicek, Vermines joue avec une peur universelle et intemporelle : celle des araignées. Grâce à une mise en scène efficace ainsi qu’à un propos intéressant sur la vie dans un immeuble de cité, il offre un film d'horreur terriblement efficace qui joue avec nos nerfs. Pour le plus grand (dé)plaisir des arachnophobes.
Dès les premières minutes, Vermines fait très rapidement comprendre au spectateur à quoi s'attendre : de la tension, non-stop. Une volonté de la part du réalisateur, comme il l’explique : « J’ai toujours cherché un style agressif, qui privilégie l’énergie… sans éluder l’importance du détail jusqu’à la couleur d’une chaussette1. » Et c'est là que le film se démarque particulièrement : dans son efficacité. Pas de monstres, pas d'esprits ou de possessions quelconques. Non, ici, juste des araignées. Et c'est dans ce choix aussi simple que Vermines puise sa puissance horrifique.
Kaleb, un jeune adulte vivant avec sa sœur, est passionné par les animaux exotiques. Que cela soit des serpents ou des chenilles venimeuses, il a fait de sa chambre une véritable jungle. Lorsqu'il décide un jour de rentrer avec une araignée, achetée dans l'arrière-boutique pas très nette d'une connaissance à lui, il est loin de se douter de ce qu'il vient de ramener. Son immeuble va devenir l'antre de milliers d'araignées venimeuses.
D’apparence simpliste, l’histoire de Vermines offre néanmoins une réflexion intéressante grâce à son cadre : la vie au sein d’un immeuble de cité. Ayant lui-même grandi dans la banlieue de Noisy-le-Grand (les scènes extérieures ont été tournées aux arènes de Picasso), Sébastien Vanicek voulait effacer les préjugés que peuvent avoir certaines personnes sur les banlieues. « J’avais à cœur de montrer la banlieue dans laquelle j’ai grandi […]. C’est-à-dire un microcosme très positif, où les gens se connaissent, s’aident, s’apprécient, sont polis. Comme partout, il y a des familles dysfonctionnelles, des gens qui tournent mal, mais dans l’ensemble, les choses roulent. Cela, je ne l’avais pas encore vu sur grand écran. »
Malheureusement, cette bonne idée s’estompe rapidement une fois passé la première moitié du film. Vermines est un de ces films qui peut diviser à cause de son changement de rythme assez brusque. La première partie, celle où les personnages sont introduits ainsi que l’araignée, est le véritable point fort du film.
Tout le long, l’angoisse ne cesse de monter, en particulier à partir du moment où l’insecte s’échappe de sa boîte. On ne peut s’empêcher de se dire : « Mais elle peut être n’importe où ! », comme on le ferait chez soi. Afin de renforcer l’angoisse déjà présente, les décors jouent également un rôle très important. Passant d’une salle de bain étroite où une araignée est cachée à un couloir infesté de bestioles, le bâtiment joue une place à part entière dans le film. Et c’est en mélangeant judicieusement tout cela que Vermines joue efficacement avec nos nerfs.
Malheureusement, la seconde partie se veut plus irréelle et gâche un peu la tension créée auparavant. Lorsque les araignées commencent à apparaître par milliers, le film bascule dans un côté too much, à la manière de ce que pouvait proposer le Arac Attack de Ellory Elkayem sorti en 2002.
Les araignées justement : élément central du film, Sébastien Vanicek a souhaité les rendre les plus réalistes possibles, notamment grâce à un travail d’observation de leurs mouvements. « À ma demande, la team MacGuff (responsable des effets spéciaux) a étudié les subtilités de déplacement des araignées, les micro-mouvements de pattes, leurs imprécisions, le côté aléatoire, imprévu de l’animal… Un travail de dingue, mais ce sont toutes ces petites choses qui allaient aider au rendu réaliste. »
En plus de celles fabriquées en images de synthèse, des maquettes en dur ainsi que de véritables araignées ont été utilisées. « Cela a été beaucoup plus facile que ce que je pensais, notamment grâce à la Ferme Tropicale qui connaît parfaitement ces petites créatures. […] Tout le monde a adoré travailler en toute sécurité avec elles, on a même pu libérer plusieurs personnes de leur arachnophobie », explique-t-il.
Pour ce qui est des acteurs, le réalisateur a voulu créer un esprit de camaraderie afin que, à la caméra, les interactions soient les plus sincères possibles. « L’important était que le feeling passe avec le reste de l’équipe, que les personnalités se complètent. Cette notion de camaraderie devait réellement exister en coulisses. Et je suis assez fier de constater que Vermines a créé un groupe d’amis qui continuent de se fréquenter, défendent le film avec enthousiasme. »
Sans révolutionner le genre, Vermines a le mérite d’offrir un vrai film d’horreur/suspense durant lequel, pour les arachnophobes en particulier, on ne peut s’empêcher d’être sous tension et crispé une bonne partie du film. Avec une bande-son rap qui ne manquera pas de faire bouger certaines têtes, des acteurs convaincants et une mise en scène soignée, Sébastien Vanicek s’offre une entrée fracassante avec ce premier long-métrage. La suite promet d’être excitante, et tout aussi effrayante ?