@FIFF2016
Cette année, le FIFF a décidé d’innover en fusionnant « Génération » et « Echanges Talents » pour créer un nouveau concept, « Génération Talents ! ».
Le FIFF s’est toujours déterminé comme un lieu de rencontre et un lieu de partage pour les aficionados du cinéma. C’est un endroit de formation idéale pour les acteurs et les réalisateurs de demain. Ils peuvent y confronter leurs idées à celles de réalisateurs de renommées internationales. « Génération Talents ! » a été conceptualisé dans cette optique. Cet événement rassemble de jeunes talents issus du monde cinématographique, en provenance de toute la francophonie.
Bien sûr, une grande partie de ces artistes sont issus de notre plat pays, mais certains arrivent du Québec, de France, de Tunisie ou de Suisse. Pendant le FIFF, ils vont vivre une masterclass avec des professionnels reconnus, qui ont décidé de parrainer ce projet. Ce lieu peut servir de vitrine à ces jeunes talents car nombres de directeurs de casting et d’agents sont présents pour l’occasion. Pour cette première édition, Matthieu Donck et Xavier Seron ont accepté de chapeauter les talents qui sont le futur du cinéma francophone.
Xavier Seron a un profil atypique. Après avoir suivi un cursus en droit, il décide de s’inscrire à l’Institut des Arts de Diffusion. En 2005, il finit ses études en nous livrant une perle qui sera primée au FIFF : le court métrage Rien d’insoluble . Ce premier succès namurois est le point de départ d’une longue histoire d’amour. En 2007, Xavier Seron réalise, en collaboration avec Christophe Hermans, le court métrage Le Crabe . Ce film est lui aussi multi-primé, dont une fois encore au FIFF. En 2011, il revient une troisième fois à Namur pour nous présenter Mauvaise Lune . Ce film permet à Jean-Jacques Rausin de récolter un prix d’interprétation au FIFF.
Matthieu Donck, quant à lui, semble avoir toujours été destiné à faire carrière dans le septième art. Dès son adolescence, il suit des cours de théâtre et il joue dans plusieurs pièces. Ensuite, il intègre une troupe d’improvisation. Vers 2001, il commence des études dans la section réalisation et cinéma de l’IAD. C’est au cours de ces études qu’il rencontre Xavier Seron, en 2002. En 2005, il réalise son premier court métrage, Ripaille sous le paillasson . Matthieu Donck nous revient en 2007 avec le sublime Missing , un court métrage qui fait le tour des festivals du globe. En 2012, l’histoire d’amour avec le FIFF commence, avec la présentation du film Torpedo (avec les participations d’Audrey Dana, François Damiens et Monsieur Eddy Merckx himself ). Il revient à Namur en 2013, avec un court métrage en noir et blanc sarcastique, Partouze .
Cette année, Jean-Benoît Ugeux, acteur dans le film Partouze, permis la réunion de Matthieu Donck et Xavier Seron derrière la caméra, pour la réalisation du court métrage Les Tubes . Ce film est la première partie d’un projet collectif intitulé Avant Terme . Ce court métrage est la matière première du projet « Génération Talents ! » porté cette année par Xavier Seron et Matthieu Donck.
Dans une interview éclair, vu l’horaire que le FIFF leur avait réservé, Matthieu Donck et Xavier Seron ont accepté de répondre à nos questions.
Xavier Seron, vous avez un parcours assez atypique. Vous avez suivi un cursus en droit avant de vous lancer dans des études à l’Institut des Arts et de Diffusion. Comment en êtes-vous arrivé au cinéma ?
Si je peux être tout à fait honnête, c’est un accident de parcours qui m’a fait bifurquer vers le cinéma. J’ai eu de gros problèmes de santé. Et dans ces moments-là, on s’interroge sur ce que l’on veut réellement faire de sa vie. Et voilà, à cet instant là, j’ai décidé de présenter l’examen d’entrée à l’IAD.
Est-ce les problèmes de santé dont vous venez de parler qui vous ont inspiré le scénario de Je me tue à le dire ?
J’ai toujours angoissé, style un peu hypocondriaque. Et ce qui a de drôle, quand j’y pense, c’est que même quand on est hypocondriaque, cela ne vous empêche pas de contracter une maladie. Et ça alimente encore plus l’angoisse des hypocondriaques. D’ailleurs, un petit message pour les hypocondriaques ! Pensez à cela ! Même en étant le plus attentif possible, vous pouvez quand même attraper quelque chose !
Votre cinéma semble allier les deux grands types de cinéma « à la belge », à cheval entre le surréalisme et le cinéma social. Etait-ce votre but de faire du cinéma made in Belgium ?
Je sais pas si on cherche à faire quelque chose de belge ou de surréaliste. Je pense que l’on fait avec ce que l’on a et ce qui nous a nourrit. Évidemment on s’en imprègne et on s’inspire de ce qui nous entoure. De la BD, comme Franquin et sa série Les Idées noires . Il y a forcément quelque chose de belge à la base.
Qu’est-ce vous aimez et qui vous inspire dans les arts pour créer un univers comme celui que vous nous présentez dans Je me tue à te le dire ?
Avant l’interview, vous m’avez parlé d’une analogie entre Le Bruit des glaçons de Bertrand Blier et mon film. Et il est vrai que c’est le style de cinéaste que j’adore. Mais je peux aussi voir un spectacle de danse et tout à coup trouver l’inspiration. On peut aussi parler en littérature de Boris Vian ou d’Octave Mirbeau et ses contes cruels. Je recommande vraiment ce livre à tout le monde ! C’est un pavé, mais à l’intérieur c’est une multitude de petites histoires. J’adore vraiment tout ce qui est humour grinçant.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de parrainer le projet « Génération Talents! »?
Tout simplement, c’est Matthieu. (Eclat de rire) Non, mais réellement, pour être très sincère, le parrainage avait été proposé à Matthieu. D’ailleurs, au départ, le film qui devait être présenté aux jeunes talents est Partouze . Mais Matthieu voulait leur proposer Les Tubes , donc il s’est dit que cela valait peut-être le coup d’embarquer Xavier. Et donc voilà, j’ai eu Matthieu au téléphone. Il m’a directement dit « J’ai une proposition malhonnête à te faire ». J’ai directement dit « Oui! ». Bien sûr! Si c’était malhonnête! C’était un très grand plaisir de se retrouver et de collaborer à nouveau avec Matthieu pour cet atelier.
Alors, justement, Matthieu Donck, pourquoi avez-vous décider de revenir au format court, après le succès de votre long métrage Torpedo et de votre série télévisée La Trêve , surtout quand on sait le peu de visibilité que ce format reçoit ?
Je pense que chaque projet a ses raisons d’être. Et dans le cas du court métrage, je me suis toujours dit que j’en ferai toute ma vie! J’adore ça! Oui bien sûr, je compte pas làdessus pour manger, mais tant pis!
Comment vous êtes-vous retrouvés embarqué dans ce projet de Jean-Benoît Ugeux (un des interprète de Partouze ), et pourquoi avez-vous décidé de co-réaliser ce court métrage avec Xavier Seron?
À la base, Jean-Benoît est venu nous trouver pour un projet de film collectif, Avant terme . Il s’est entouré de plusieurs réalisateur. Et le film s’est retrouvé segmenté en trois partie. On a travaillé sur le premier segment de cette oeuvre. Et c’est notre court métrage Les Tubes .
Vous avez dû confronter vos deux univers pour ce projet. Alors, vous avez choisi de tourner en noir et blanc. Matthieu vous avez réalisé Partouze en noir et blanc. Par contre, Xavier tourne souvent en noir et blanc. Etait-ce une évidence?
Oui! Moi, je n’ai fait qu’un projet en noir et blanc, mais Xavier est très habitué à ce format. Presque toute son oeuvre est dans ces tons. Je venais de tourner en noir et blanc et j’adore les films de Xavier en noir et blanc, donc je pense que l’on a même jamais pensé ce projet en couleur. Le plus important pour moi, c’était surtout de travailler avec Xavier. Cela fait plus de dix ans que l’on se connaît et que l’on se dit que l’on va travailler ensemble, mais on en avait jamais vraiment eu l’occasion. Donc quand on nous a proposé ce projet, on a foncé.
Vous avez réuni vos acteurs comme Jean-Jacques Rausin et Jean-Benoît Ugeux, est-ce que c’est Jean-Benoît lui-même qui vous a proposé ce choix ?
Non, pas du tout. Je pense que quand on écrivait le scénario, les rôles se répartissaient naturellement entre les acteurs que vous retrouvez à l’écran.
Matthieu Donck, comment avez-vous réussi à réaliser ce film, quand on voit votre agenda, avec le nombre de projets entre lesquels vous jonglez : scénariste de la BD Schrimp, réalisateur de la série La Trêve , co-réalisateur et réalisateur de long métrage, quel a été votre méthode pour réussir à mener cette oeuvre à terme?
Avec Xavier, on avait pas vraiment le temps. Moi je finissais de tourner le pilote de La Trêve quand on a commencé « Les Tubes ». On devait tourner dans l’urgence, car j’enchainais ce court métrage avec le tournage de ma série. Donc le but du jeu, c’était d’écrire ce film pendant le temps qu’ils nous restaient. On écrivait cela autour d’une bière. On sait fait deux ou trois restaurants chinois pour parler du projet. Puis on s’envoyait des mails. L’intérêt de ce projet, c’est que l’on savait que l’on avait pas de budget et on savait que l’on pouvait faire ce que l’on voulait. Et au final, le vrai intérêt de ce film (en plus de pouvoir collaborer avec Xavier), c’est de prouver que l’on peut vraiment faire quelque chose de très bien, aussi bien du point de vue de l’image qu’au point de vue de l’histoire, en très peu de temps.
Alors, Matthieu, pourriez-vous nous faire une petite bande annonce orale de votre projet commun, « Les Tubes »?
Jean-Benoît (Ugeux) nous avait dit « C’est l’histoire de Laurent. Et il pense qu’il va mourir ». C’était réellement notre seule contrainte. Laurent était son personnage, et il se posait cette question. Mais allait-il vraiment mourir ou non, c’était à nous de choisir. Donc on est parti sur l’histoire de Laurent qui doit passer une colonoscopie. Il se dit qu’il a peut-être quelque chose. Et donc tout au long du court métrage, il est dans un moment d’errance, où il repasse sa vie à l’endroit et à l’envers, en se posant la question de « est-ce qu’il va passer sa colonoscopie ».
Pour conclure, quels sont vos projets respectifs dans l’avenir proche?
Matthieu Donck : Pour le moment, on planche sur La Trêve 2 et on vend la première saison dans les autres pays de la francophonie. Le DVD de la première saison est en préparation.
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