critique &
création culturelle
My Beautiful Boy
un casting de rêve pour (trop) de bons sentiments ?

Abordant le thème des drogues déjà beaucoup exploité au cinéma, My Beautiful Boy a l’avantage de dresser un double portrait réel et émouvant. Pour son premier film outre-Atlantique, Felix Van Groeningen nous emmène en Californie, à la rencontre d’un duo père-fils attachant.

David Sheff (Steve Carell) est journaliste et père d’une famille recomposée. Intellectuel, ouvert d’esprit et assez cool avec ses trois enfants, il est particulièrement proche de son fils aîné, Nicolas (Timothée Chalamet). Lorsqu’il réalise que Nic est accro à la méthamphétamine, il cherche à le comprendre pour l’aider à se défaire de ses addictions. Témoin de la dégradation de leur relation et des changements de comportement de son fils, David met entre parenthèse sa femme et ses deux jeunes enfants pour essayer d’aider Nic à s’en sortir.

Pour réaliser ce drame biopic, le réalisateur belge Felix Van Groeningen s’est basé sur les témoignages de David et Nicolas Sheff, publiés dans leur livre respectif : “ A Father's Journey Through His Son's Addiction ” (L’histoire d’un père à travers la dépendance de son fils) et “ Tweak: Growing Up On Methamphetamines ” (Tweak : grandir sous méthamphétamines).

Dans ses films précédents, Belgica (2016), The Broken Circle Breakdown (2012) et La Merditude des Choses (2009), Felix Van Groeningen nous a habitué à des drames familiaux touchants. Jusqu’à présent, tous ses films se distinguent par l’originalité et la sincérité de ses personnages, dont seul lui a le secret.

En s’inspirant d’une histoire vraie pour son premier film outre-Atlantique, il a laissé de côté la touche de « fantaisie réelle » de ses personnages qui, selon moi, contribue grandement à la réussite de ses films précédents.

Son goût pour la bonne musique, autre raison pour laquelle j’apprécie particulièrement les films du réalisateur, à quant à lui été conservé dans ce long-métrage. La bande son a d’ailleurs toute son importance dans ce film. En travaillant uniquement avec des morceaux existants, Felix van Groeningen nous propose de découvrir la relation fusionnelle qui unit David et Nic à travers, entre autres, Nirvana, John Lennon, David Bowie, Neil Young et Sigur Ròs. Inspiré par la musique qui a bercé le véritable Nic Sheff,  c’est un plaisir pour les oreilles !

Le film est composé de nombreux flashbacks qui aident à comprendre le lien fort entre le père et le fils Sheff et qui nous font découvrir le « véritable » Nic, avant qu’il ne soit accro à la drogue. Ils montrent David et Nic partageant des passions communes (le surf, la musique et la lecture) et appuient la « descente » et les changements de comportements de Nic à cause de la méthamphétamine.

Ces retours dans le temps nous permettent aussi de comprendre pourquoi David insiste autant pour aider son fils, jusqu’à lui-même s’essayer à un rail de cocaïne. Il veut comprendre Nic, qu’il a élevé sur le principe de liberté, de confiance et de de discussions honnêtes ; ce fils aimé, soutenu et intelligent dont il était si proche et qu’il qu’il ne reconnaît plus.

Timothée Chalamet nous épate une fois de plus (je fais ici référence à Call Me by Your Name - 2017 ) dans le rôle d’un adolescent charmant à la « gueule d’ange ». Il réussit à séduire le public et à s’imprégner du rôle de Nic à la perfection en partageant des sentiments presque indescriptibles pour des accros à la meth : incompréhension, solitude, manque, sautes d’humeurs, mensonges, désespoir. À cela, il ajoute à plusieurs reprises la volonté forte de se sortir de sa situation, le tout en nous balançant un bouquet d’émotions divergentes qui ne peut rendre le public insensible à son jeu d’acteur. Avec Steve Carell, qui partage des émotions différentes mais aussi fortes que celles du jeune Chalamet, ils forment un duo sincère et très attachant.

En tant que grande fan de Van Groeningen, je termine ce film un peu déçue du manque de folie de ses personnages, par contre je suis totalement tombée sous le charme de son casting ! J’espère quand même que pour son prochain film, il ne s’inspirera pas d’un histoire vraie… et je trépigne déjà d’impatience qu’il se remette à tourner.

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My Beautiful Boy

Réalisé par Felix Van Groeningen

Avec  Steve Carell, Timothée Chalamet, Jack Dylan Grazer, Maura Tierney, Kaitlyn Deve

États-Unis, 2018

121 minutes

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