Léon est platiste : pour lui, la Terre est plate comme une assiette. Sa vérité, il veut la prouver à sa fille de 15 ans, en faisant le voyage jusqu’en Antarctique pour trouver ce bout du monde. Dans cette création radiophonique de Jacques Lemaire, on embarque dans un voyage dont le cheminement est bien plus important que le but final.
C’est avec un sourire narquois que je lance le podcast et me laisse bercer par une musique aux accents inquiétants. Moi, je ne crois pas à cette histoire de Terre plate. Alors à quoi cela sert-il que je prenne le temps d'écouter le récit de Léon ? Pourquoi suivre son aventure jusqu’en Antarctique, pour « trouver le bout du monde », quand je sais pertinemment que son voyage se soldera par un échec ?
Arrivé en Antarctique, Léon communique avec sa fille grâce à des messages vocaux et des vidéos, et c’est uniquement à travers ces échanges que cette aventure nous est racontée. Après avoir faussé compagnie au groupe de touristes avec lequel il voyageait, Léon entame sa quête vers le bout du monde, bien décidé à prouver au monde entier ce que personne n’a jamais cherché à voir… Interprété par Michel Schillaci, Léon cherche à montrer toute l’importance de s’accrocher à ses certitudes, mais à quel prix ?
Durant cette étrange aventure, c’est un personnage à la fois euphorique et terrorisé qui se découvre à nos oreilles . Marchant sans relâche à la recherche d’un endroit qui n’existe que dans sa réalité, on peut se demander ce qui pousse Léon à s’enfoncer dans le froid mordant de l'Antarctique. Cherche-t-il une preuve de l’existence du bout du monde pour son entourage ou… pour lui-même ?
« Et si j’avais raison ? Et si tout le monde se trompait ? Ce sont toutes ces idées-là qui se bousculent dans ma tête. »
La Terre est plate est la deuxième création radiophonique de Jacques Lemaire, après Zone 58 (2021), un docu-fiction à propos du parking 58 à Bruxelles qui a d’ailleurs remporté le prix du jury au Brussel Podcast Festival de 2021. Formé à l’IAD, Jacques explore ici la remise en question d'une vérité bien ancrée à travers la théorie du complot, plus particulièrement celle des platistes. En nous donnant accès uniquement à la perception de Léon, nous sommes bien obligés de prêter l'oreille à son discours.
Finalement, tout cela me sert à sortir de ma bulle, la même sorte de bulle dans laquelle évolue Léon, la bulle de (dés)informations ambiante dans laquelle nous baignons tous un peu à travers l’utilisation des réseaux sociaux. Cette bulle qui nous conforte dans nos croyances et qui nous rassure dans notre compréhension de notre réalité. Au fond, tout le monde est persuadé d'avoir atteint la vérité, comme une ligne d'horizon qui s'éloigne toujours un peu plus, aussi inatteignable que le bord de l'Antarctique.