@FIFF2016
Antoine-Olivier Pilon crève une nouvelle fois l’écran dans ce premier long métrage de Yan England, mais n’arrive toutefois pas à se démarquer du reste de la distribution très convaincante, Lou Pascal Tremblay en tête.
Pour défier le caïd aux cheveux bouclés qui le harcèle, Tim s’entraîne à parcourir huit cents mètres en moins d’une minute cinquante quatre. C’est bien simple, l’ambiance scolaire a rarement été aussi bien retranscrite, notamment grâce à une représentation très juste des réseaux sociaux. 1:54 évite les écueils classiques des films sur la jeunesse, grâce à un ton grave qui ne sombre que rarement dans le moralisateur. Alors que les premières images annonçaient un film traitant de sport et de dépassement de soi chez les ados, on se surprend à être touché par une des rares œuvres à traiter avec justesse du harcèlement scolaire en évitant les clichés manichéens. Malheureusement, une scène-clé plutôt ratée au milieu du film et quelques facilités scénaristiques nous font régulièrement remettre en cause la crédibilité de l’histoire. Toutefois, on en ressort ému, notamment avec une scène finale inattendue et très réussie.
Si le fond d’ 1:54 est inconstant à plus d’un titre, on ne peut pas en dire autant de sa forme. Si l’abus de caméra à l’épaule – très digeste, cela dit – a tendance à en amoindrir l’impact lors de moments plus tendus, les scènes plus calmes sont convaincantes grâce à certains choix de réalisation pertinents, notamment quelques plans-séquences très sensibles, laissant libre cours au jeu des acteurs.
Cette sensibilité contraste avec la violence des courses – elles aussi diablement bien fichues – qui doivent leur crédibilité à un entraînement intensif des jeunes acteurs et à une bonne connaissance de la discipline par le réalisateur.
S’il présente quelques défauts d’un premier film, ce long métrage de Yan England convainc en évitant le jeunisme et apporte un regard horizontal sur un sujet tendu. Cependant, certaines facilités scénaristiques et une scène importante difficilement compréhensible viennent ternir un tableau jusque-là impeccable.