Homeland
Homeland entame cette année sa quatrième saison. Saluée très tôt par les critiques, la série produite par Showtime semble cependant ne plus faire l’unanimité. Perte d’inspiration de la part des producteurs, saison de trop ?
Attention, cet article qui suit dévoile en partie l’intrigue de la série.
Homeland met en scène le retour aux États-Unis d’un marine . Porté disparu en Afghanistan en 2003, Nicholas Brody (Damian Lewis) réapparaît neuf ans plus tard, libéré par l’armée américaine au cours d’une opération de terrain. Rapidement élevé au statut de héros par les médias et les autorités de son pays, il subit néanmoins de la part de la CIA un débriefing relatif aux conditions de son enlèvement. Au sein de l’agence, Carrie Mathison (Claire Danes) doute de la sincérité du militaire et le suspecte d’avoir été retourné pour commettre un attentat sur le sol américain.
La première saison de la série suit globalement ce schéma narratif. Autour de ces deux personnages principaux gravitent des seconds rôles qui ajoutent de la profondeur et de la qualité à l’intrigue. D’un côté, autour du sergent Brody, une épouse modèle et ses deux enfants, qui symbolisent ainsi la famille américaine modèle. De l’autre côté, Carrie Madisson, qui tente de convaincre ses supérieurs, Saul Berenson (Mandy Patinkin, que l’on a vu dans Criminal Minds ) et David Mendes (David Harewood). Au fil de l’intrigue, les deux personnages principaux gagnent en profondeur, alors qu’on découvre la conversion à l’islam de Brody et la fragilité psychologique de Carrie Madisson. L’histoire se complexifie encore lorsqu’ils entament une liaison, puis avec l’apparition d’un chef terroriste, qui fut le geôlier de Brody lors de sa captivité. La saison se poursuit par les enquêtes contre les projets terroristes sur le sol américain et par la découverte du bien-fondé des soupçons de l’agent de la CIA vis-à-vis de Brody, qui projette d’assassiner le vice-président des États-Unis, alors que celui-ci veut le convaincre d’entrer en politique.
C’est le même univers que l’on retrouve dans la seconde saison. L’ancien soldat, devenu sénateur, entre en lice pour la vice-présidence lors des prochaines élections présidentielles. Carrie s’est retirée provisoirement de la CIA en raison de ses troubles bipolaires et reçoit pour mission d’enquêter sur un chef terroriste, Abu Nizar, qui menace les États-Unis. Cette saison s’inscrit dans le prolongement de la première ; la trame gagne en fluidité et en qualité. L’enquête de Carrie se poursuit sur le territoire même des États-Unis, avec la traque et la mort du chef terroriste Abu Nizar, dans une succession de scènes qui ne sont pas sans rappeler la mort d’Oussama Ben Landen en mai 2011. Lors de l’épisode final, un attentat ravage le siège de la CIA à Langley et Broody, suspecté d’en être l’auteur, doit fuir avec l’aide de Carrie Madisson.
Si la troisième saison se veut la prolongation des précédentes, force est de constater qu’elle perd en qualité. La narration semble s’essouffler et tourne en rond : Carrie est mise au pilori en raison de ses troubles psychologiques et de sa liaison avec Broddy, toujours en fuite et désormais ennemi public no 1 à la suite de l’attentat de Langley. La trame de cette saison s’articule autour de ces deux personnages, la famille de l’ex-soldat passe au second plan, tout comme un bon nombre de personnages. La série se concentre sur la lutte contre les services de sécurité iraniens et l’infiltration de Broddy en Iran en vue tuer un officiel du régime. La réussite de cette mission laisse entrevoir un happy end , mais Broddy est finalement capturé et exécuté en place publique. Cette troisième saison est décevante, en raison notamment de ses redites et de ses incohérences narratives.
Depuis septembre dernier, la quatrième saison est diffusée au États-Unis. On a assiste à une multitude de changements par rapport aux saisons précédentes. D’une part, Carrie, travaillant toujours pour la CIA, a changé d’affectation. Nommée chef de poste au Pakistan, elle est chargée de superviser les attaques de drones contre les chefs terroristes locaux. Quinn est toujours présent et travaille avec elle. Quant à Saul, il ne travaille plus pour l’agence et s’est reconverti dans le renseignement privé. Il s’agit donc d’un univers différent, mais avec des histoires similaires , la lutte contre le terrorisme restant le fil conducteur de l’histoire. Cette dernière saison explore donc un autre filon. Les scénaristes seraient-ils en panne d’inspiration ?
Ainsi, il apparaît que Homeland sera sans doute à classer dans la catégorie de ces séries qui n’ont pas su s’arrêter au bon moment. Si les deux premières saisons sont cohérentes et présentent d’excellentes qualités narratives, les choses se gâtent par la suite. On conseillera donc au lecteur de s’arrêter à la saison 2.