L'année culturelle 2023
selon François Wouters
Cette année, c’est toute l’équipe d’Indications et Karoo qui vous livre ses musts culturels de l’année écoulée. Pour l’occasion, François Wouters, animateur théâtre, prête une attention particulière aux sons dans ses coups de cœur de l’année, entre opéra, théâtre et podcast, en faisant un détour par l’enfance avec une bande dessinée décalée.
Voodoo Cello de Imany au Festival des Libertés au Théâtre National
Sur scène, huit joueur·euses de violoncelle à qui on a enlevé leur chaise. Quelle tête ces musicien·nes ont dû tirer quand on leur a expliqué qu’ils devraient non seulement apprendre à jouer debout, mais également à courir, sauter, danser ensemble… En revisitant des tubes mémorables de la pop (« Wonderful life », « I’m Still Standing », « Like a prayer »...) dans son album Voodoo Cello, Imany a offert à son public du Festival des Libertés un concert chorégraphié audacieux et exigeant, et c’était renversant.
Beaux jeunes monstres du collectif Wow ! au Théâtre Varia
Casques vissés sur la tête dans la grande salle du théâtre Varia, les spectateur·rices entrent dans le corps de Willy, infirme moteur cérébral, grâce à sa voix, à son humour de grand cassé et à un dispositif sonore immersif de haute voltige. Un dispositif qui utilise le binaural, la scène, ses lumières, et toute une palette d’émotions tendues au paroxysme. Le collectif Wow ! nous fait résonner avec de beaux jeunes humains, tendrement, passionnément, magnifiquement.
Dark was the night d’Emmanuel Meirieu, podcast sur France Culture
La pièce de théâtre Dark was the night d’Emmanuel Meirieu transposée en podcast se base sur l’histoire du vaisseau « Voyager », parti depuis 1977 aux confins de l’espace. « Dark was the night », c’est aussi le nom de la chanson de Blind Willie Johnson qui demeurera un des messages de ce vaisseau. Emmanuel Meirieu, qui avait mis en scène les Naufragés de Patrick Declerck, porte sur scène les récits de déclassés et y sublime la poésie tragique de leur vie. Texte, habillage sonore, musique et jeu des comédien·nes sont envoûtants.
CASSANDRA de Bernard Foccroulle à La Monnaie
L’opéra Cassandra de Bernard Foccroulle conjugue l’histoire d’une activiste et climatologue, Sandra, et celle de la prophétesse inaudible, Cassandre. Le spectacle est subjuguant par ses ambiances, par sa scéno alliant décor en mutation constante et vidéo, et par une musique qui accompagne subtilement les scènes sans forcer le pathétique. Bernard Foccroulle varie les approches de mise en scène avec un livret de Matthew Jocelyn qui le lui permet et il préserve une unité à cet opéra qui aurait pu être bien compliqué. Quant à la thématique principale sur le climat, ça ne se veut pas engagé mais bien incarné et ça fait effet. Tant mieux.
La Bête : tome 2 de Zidrou et Frank Pé
Instants magiques pour moi que ceux de la lecture du second tome de la Bête. Frank Pé revisite radicalement le Marsupilami de Franquin et plonge cette bête dans le Bruxelles des années 50 avec son savoureux brusseleir. Chaque page est magnifique. L’histoire est belle et ses personnages bien révélés. Ce fut mon retour en enfance, comme sous la couette à dévorer des yeux cet album.