Déjà présenté puis primé d’un Bayard d’or au FIFF de Namur, Petit Samedi était sorti en avant-première au cinéma Palace le 20 octobre 2020. En raison de la pandémie actuelle, sa diffusion en salle a été postposée. Désormais accessible, ce film nous revient finalement lors d’une séance spéciale ce 16 juin au Cinéma Palace. Petit Samedi nous dresse le portrait intimiste du frère et de la mère de la réalisatrice, Paloma Sermon-Daï.
L’histoire prend place dans un village de la Wallonie, au bord de la Meuse. Il y a deux personnages : Damien Samedi, le fils, appelé aussi « petit Samedi », souffre d’une dépendance à l’héroïne depuis assez longtemps et cherche à s’en débarrasser ; Ysma, la mère, une femme d’une soixantaine d’année, est le portrait type de la mère-poule qui veut protéger son enfant du mal et le tirer de son addiction à la drogue.
Bien souvent en désaccord, les deux protagonistes se retrouvent autour d’une table pour discuter comme mère et fils. La toxicomanie est souvent le sujet de leur discussion : comment en sortir ? Quelle aide apporter ? Que faire ? Mais le thème central du film n’est pas la dépendance à la drogue. La réalisatrice va plus loin en montrant la sincérité qui peut exister dans les liens familiaux : Ysma pour qui Damien restera toujours son « petit Samedi » est là pour l’écouter et ne l’abandonnera jamais.
Le « jeu » des personnages renforce encore plus l’aspect familial de ce film. Ysma endosse le rôle d’une mère toujours inquiète pour son fils et qui, par exemple, ne peut pas s’empêcher de faire le tour du village pour tenter de le retrouver. Quant à Damien, malgré tous ses problèmes, il ne peut échapper à son devoir de grand frère pour les autres, mais surtout à celui d’un fils protecteur pour sa mère. Finalement nous ne pouvons qu’être émus lorsque mère et fils sont l’un face à l’autre. Il y a une vraie tendresse qui se dégage de leur rencontre. Un regard, un geste et une parole parfois anodine sont suffisants pour créer l’émotion. Et le recours subtil aux archives visuelles et sonores de la famille ajoutent une couche de tendresse à ce film.
Comment parvient-on à filmer sa famille ? La question a d’ailleurs été posée avant le film à Paloma Sermon-Daï, qui a eu beaucoup de mal à répondre. Mais face à ce duo mère-fils, les choix de la réalisatrice, à la fois scénaristiques et techniques, ont montré une certaine justesse qui explique pourquoi Petit Samedi a eu un tel succès.
Paloma Sermon-Daï prend ainsi quelques distances avec ses personnages en posant la caméra ni trop près, ni trop loin. Il y a un juste milieu (nécessaire) pour rester auprès de ce noyau mère-fils, sans le briser, et garder le point de vue de la réalisatrice.
Bien qu’on pourrait lui reprocher son absence dans les plans tournés avec sa famille, la réalisatrice a su témoigner de sa présence grâce à un cadrage soigné et des effets de lumière réussis, montrant ainsi sa maîtrise stylistique. Et puis, certaines scènes marquent vraiment son approche du cinéma. On peut, par exemple, penser à ce plan assez onirique dans lequel son frère danse sur une musique techno, repoussant ainsi les limites du documentaire.
Petit Samedi est un vrai film personnel. La réalisatrice nous ouvre avec grande délicatesse les portes de la maison familiale dans laquelle la mère et le fils sont montrés à l’écran dans un équilibre parfait, entre discrétion de la caméra et véracité des personnages. Quant au spectateur, il ne peut qu’être subjugué par ce récit de vie à la belge. Avec Paloma Sermon-Daï, la famille compte avant tout.