En compétition pour le meilleur thriller, The Invisible Guest de Oriol Paulo ne manque pas de nous surprendre en jouant avec les codes du genre et en détournant nos attentes grâce à de nombreux retournements de situation.
The Invisible Guest commence comme tout bon film du genre. Nous nous retrouvons face à un homme, Adrián Doria (Mario Casas), célèbre homme d’affaires, accusé du meurtre d’une auteure renommée, Laura Vidal (Bárbara Lennie), sa maîtresse. Accablé par cette affaire, dans laquelle tout semble l’accuser, Adrián décide de faire appel à Virginia Goodman (Ana Wagener), avocate réputée pour n’avoir perdu aucun procès.
Si ce thriller commence de manière plutôt banale et nous entraîne sur une piste plutôt classique rappelant vaguement Souviens-toi... l'été dernier (de Jim Gillespie) avec une histoire de meurtre et de témoin potentiel, il se révèle être plus tortueux. De la même manière que Park Chan-wook, dans Mademoiselle , Oriol Paulo nous livre ici un film plein de rebondissements. Ici, la manipulation est reine et une morale bien ficelée ressort : ne vous croyez jamais plus intelligent que les autres.
Ce huis clos, dans lequel chaque minute est comptée (d’où le titre original du film : Contratiempo , littéralement : « contre la montre »), nous plonge dans la peau d’un personnage manipulé par son avocate qui souhaite à tout prix percer le mystère de ce meurtre.
Pièce par pièce, nous reconstruisons le déroulement des faits en même temps que Virginia, qui semble avoir à son arc un sens de l’investigation hors-pair. Nous découvrons vite que la mort de Laura en cache une autre, celle d’un jeune homme supposé disparu, et dont seuls Adrián, Laura et bientôt Virginia sont informés (du moins, c’est ce qu’on nous laisse croire).
Le casting est remarquable : il est porté par Mario Casas dans le rôle de l’homme d’affaires arrogant et sûr de lui mais également par Ana Wagener que l’on saluera pour son double rôle et son inflexibilité face à la tension. Les rôles secondaires n’ont également rien à envier aux acteurs principaux : Bárbara Lennie passe parfaitement du rôle de la manipulatrice, prête à tout pour sauver sa carrière, à celui de la manipulée désespérée et José Coronado illustre à merveille le rôle de l’homme détruit, résolu à obtenir vengeance.
Quant à la mise en scène, on y décèle beaucoup de références aux maîtres de l’horreur, notamment à Kubrick dans le choix de l’hôtel, rappelant fortement celui de Shining, ou dans les plans larges de routes lorsque Adrián et Laura sont en voiture, mais aussi à Hitchcock dans la scène où Laura commence à angoisser, seule au volant. Enfin, ce huis clos a l’intelligence de ne pas devenir étouffant grâce aux multiples flashbacks qui retracent le déroulé des faits selon la vision des différents personnages.
Si le film contient quelques petites absurdités1 , il retombe tout de même plutôt bien sur ses pattes dans les dernières minutes en offrant une chute plutôt inattendue bien qu’étant un peu embrouillée et expliquée rapidement.
Après El Cuerpo et les Yeux de Julia , Oriol Paulo, spécialiste du genre, nous offre donc un troisième thriller convaincant et plaisant (surtout dans l’ambiance du BIFFF et de son public déchaîné). S’il ne révolutionne pas complètement le genre, il réserve cependant de bonnes surprises car tous les doutes y sont permis.