Dirty Projectors – l’album – suscite émoi et étonnement. Le grand écart s’est effectué au gré des rencontres de Dave. Alors que sa dernière sortie en groupe puait la testostérone et l’expérimentation futuriste, son nouveau projet lie le hip-hop élégant à des textes torturés. Les collaborations avec Rihanna et Kanye West ne sont pas pour rien dans ces nouveautés. L’ensemble du disque est à cette image, avec notamment Little Bubble en figure de proue ultra-référencée.

Dans ce titre, Dirty Projectors assume son statut d’ovni de la scène musicale. Il se pose en confluent d’influences indie et R&B . Le héros barbu pleure un bonheur fragile, un amour déçu. Ce songe magnifique qu’il faut perdre une fois le matin levé. Onirisme et déception, les deux mamelles du nouveau travail de Dave Longstreth. L’omniprésence des synthés amplifie ce sentiment de rêve, tout comme la voix vocodée . Une référence à ses nouvelles amours hip-hop. Si les synthés sont entêtants, les boucles créent une nouvelle expérience psychédélique. Synesthésie, objectif apesanteur.

Héros torturé, esseulé, ressentant avec violence les limites du bonheur, d’où l’image du crépuscule au milieu des fougères. La référence intertextuelle à Baudelaire (mouette ou albatros, quelle différence ?) appuie une dernière fois sur le clou ; gauche et veule, Dave comprend que ses ailes de géants l’empêchent de marcher. Il est seul, fatigué, détruit : à quoi bon continuer à espérer, à vivre dans sa bulle. Tout n’est-il plus que cauchemar ?

Ultime référence, la solitude sculpturale du héros en haut de sa montagne, un Voyageur contemplant une mer de nuages de face. Un meilleur profil pour exploiter les sentiments difficiles du chanteur.

Solitude, rêve, références et réinvention : un disque fou en guise de nouvel opus.


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