Le Révizor de Nicolas Gogol
Un livre un extrait (17)
Première partie du XIX e siècle, dans l’Empire russe, une ville anonyme, d es citoyens ordinaires. Immersion.
« Lorsque notre réalité est subitement altérée, troublés, nous faisons face. »
Anton Antonovitch, gouverneur de la ville, a une annonce sensationnelle : « Il nous arrive un révizor… de Pétersbourg… incognito… avec des instructions secrètes… »
Panique générale : « En voilà une histoire !… Nous n’avions pas d’ennui, cela commence !… Seigneur Tout-Puissant !… Mais pourquoi… Pourquoi chez nous un révizor ?… »
Un inspecteur général dépêché par le ministère, ici, dans ce « trou perdu » d’où « on pourrait galoper pendant 3 ans qu’on arriverait pas à l’étranger ».
Soudain une irruption : « Une nouvelle imprévue !… Nous arrivons de l’hôtel… À peine étions-nous entrés que nous voyons tout à coup un jeune homme… Vêtu en civil… Qui arpentait la salle… Son visage exprimant une telle méditation… Sa physionomie… Ses gestes… Et là-dedans il y avait l’air d’y en avoir ! »
Selon le patron, cela fait deux semaines que l’étranger est là, vivant exclusivement à crédit.
Le révizor ici depuis deux semaines ! Qu’a-t-il pu voir ? Tout ! Enfin presque tout.
Anton Antonovitch est épouvanté .
Il se prend la tête dans les mains … Mais se ressaisit et s’affole, donnant ses ordres à la volée, organisant la stratégie.
Premièrement, aller à la rencontre du révizor dans une sorte de visite protocolaire.
***
De retour de sa promenade, assis sur une chaise de la chambre n°5, humide et sombre, le jeune homme en question a faim. Accompagné de son domestique, il rentre chez ses parents sans un Kopeck en poche. Impossible de payer la chambre. Impossible de payer la nourriture. Impossible de continuer le voyage.
Dos au mur, il est pourtant ici au bon endroit au bon moment. Car la méprise est générale et sans le savoir il domine la situation par sa seule présence.
[ Une petite chambre… Un lit, une table, une valise, une bouteille vide .]
Tous les deux effrayés, se regardent un long moment, les yeux écarquillés .
Anton Antonovitch se mettant au garde-à-vous : « Je vous présente mes hommages !… c’est par inexpérience… uniquement à cause du manque de moyens… et si jamais il y a eu quelques pots-de-vin… c’est une calomnie je vous jure c’est une calomnie… ces gens-là seraient capable d’intenter à ma vie… je me mets à votre entière disposition… chez moi à la maison il y a une chambre… claire, tranquille… voyez-vous chez moi c’est inné ! l’hospitalité avant tout !… ».
Vigilant et précis.
Anton Antonovitch profitant d’une ouverture
Parvient à changer l’ambiance générale en une minute.
Continuant sur sa lancée
Il insiste, persévère et tente le coup,
Parvient à dévier l’action vers autre-part,
Crée une nouvelle dynamique.
La collision fut brutale mais
Il a réussi un tour de force :
Attirer le révizor chez lui
Afin de l’amadouer
Et de le surveiller !
Parmi l’obscurité environnante,
Silencieux et troublé,
Anton Antonovitch immobile
Lève le bras,
Tend la main,
Envoie une fusée,
Averti les autres :
« Tenez-vous prêts nous arrivons. »