Le hors-la-loi
qui traverse le quatrième mur
et… nous tue !  
C’est dans le Vol du grand rapide
d’Edwin S. Porter
et ça date de 1903 !
Nous sommes encore à l’ère des one reel movies (films à une bobine) mais les onze minutes qui s’achèvent ont révolutionné l’art cinématographique, moins de dix ans après les premiers essais des frères Lumière et autres Méliès.

Tudieu ! Un scénario véritable nous propulse dans une narration haletante. Avec des scènes en extérieurs, des plans panoramiques, des mouvements de caméra, un montage alterné. Nous vivons l’attaque d’un train (et la consécration du western !) en ses diverses composantes, des préparatifs des gangsters à leurs crimes, de la fillette qui délivre le chef de gare aux rangers arrachés à leur soirée dansante et jetés sur la piste des desperados.

Et soudain, dans les dernières secondes, alors que les bandits semblent avoir été tous abattus… 

Cette dernière image ! Cette décharge qui nous est adressée ! Les spectateurs du temps furent terrifiés, initiant un rapport trouble à la violence qui propulsa le film au rang de plus grand succès mondial.  

Cette scène, la seule en plan rapproché, résume la percussion du court métrage, sa modernité, qui sera bientôt creusée par les Chaplin et autres Griffith (qui a travaillé sur ce tournage). Elle ouvre la brèche à un rapport plus charnel du public avec la projection (l’écran comme quatrième mur est ici traversé, c’est-à-dire violé).

On comprend l’admiration évoquée par de grands cinéastes d’aujourd’hui comme Martin Scorsese ou Ridley Scott.

P.-S. : Galerie d’images (avec commentaires en anglais) :

www.filmsite.org/grea.html

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Le Vol du grand rapide

Réalisé par Edwin S. Porter
États-Unis, 1903
Film muet de 11 minutes 59 secondes.