Parmi les plaisirs que peut nous offrir le cinématographe, celui d’assister à un cambriolage minutieusement préparé fait partie des plus plaisants. Il y a la séduction de l’interdit, le frisson du danger, et la satisfaction de voir un plan exécuté à la perfection, aussi illégal soit-il. Le tout vécu dans le confort et « l’innocence » de notre position de spectateur.

C’est au travers de ces sensations que Michael Mann travaille dans l’audacieuse scène d’ouverture du Solitaire ( Thief ), son premier long métrage. Dans celle-ci, un groupe de cambrioleurs menés par James Caan procèdent au vol de plusieurs diamants. Les informations qui nous sont partagées à leur sujet sont réduites au strict minimum, et les dialogues sont presque complètement absents. On ne sait rien d’eux, si ce n’est qu’ils ont le professionnalisme et la méticulosité de voleurs dont ce n’est pas le premier casse. Ils n’ont pas besoin de parler, leurs gestes sont assurés, précis et sans erreur.

Le casse est réduit à ses plus simples composantes :  des fils électriques coupés, une foreuse qui perce un trou à travers un coffre-fort, une confirmation que l’opération s’est bien passée par talkie-walkie, etc. Leurs mouvements, magnifiés par la caméra, se suivent implacablement sur la musique hypnotique du groupe Tangerine Dream. Chaque objet, chaque déplacement et chaque action mécanique fait l’objet d’un plan, doté d’une étrange beauté minimaliste. La séquence avance sans faille, aussi parfaitement réalisée que le cambriolage qu’elle met en scène.

Toutes les
scènes cultes