critique &
création culturelle
    Rétrospective culturelle 2022
    Les coups de cœur de Séphora Duez

    2022… un retour à nos ambitions mais aussi à la redécouverte de notre richesse culturelle. Cette année m’a offert des coups de cœur là où je ne les attendais pas. Voici ma rétrospective, plutôt hétéroclite mais personnelle.

    La Pièce du Conservatoire de Mons , Juin

    Emportée par le soleil de juin, mes pas me guident vers la maison Folie de Mons pour assister à la présentation des 3e année de théâtre du conservatoire de Mons. La pièce, une adaptation du roman Rümmët de Jonas Karlsson, nous livre avec comique et absurdité une critique sociale du monde professionnel.

    Björn, le protagoniste, brillant mais peu sociable, débarque dans une nouvelle entreprise où il découvre une pièce inoccupée que personne d’autre ne voit. Dans cet espace, il expérimente un bien-être absolu avec le désir grandissant d’y passer plus de temps. Quant à ses collègues, ils ne perçoivent qu’un Björn désœuvré contre le mur. Dans l'incompréhension totale, les travailleurs peu empathiques et bien ancrés dans leur système bureaucrate se moquent et s’agacent du comportement peu commun du nouvel employé. Ainsi perdure un conflit entre le protagoniste décalé et les travailleurs bien dociles. Dans cette adaptation, l’hors norme rencontre la norme, se confrontant sans relâche et sans jamais trouver une issue favorable à la différence. Les personnages sont attachants et remplis d’humanité. La réflexion est menée avec légèreté, vigueur et, bien-sûr, beaucoup d’humour.

    L’essence des choses passées et présentes de Joan Mirò, v isible au BAM de Mons du 08 octobre 2022 au 08 janvier 2023

    Joan Mirò épanche sur ses toiles l’unique essence des choses. Tout au long de sa rétrospective au BAM, nous découvrons son travail de déconstruction. Avec ses influences fauvistes et cubistes, l’artiste puise également dans l’art primitif, la peinture flamande et la calligraphie japonaise, un souffle créateur qui anime singulièrement ses toiles comme la maquette de foulard ou encore Femme crée en  1965.

    Je vois des traits, des formes, des tâches et des couleurs qui dansent ensemble, se répondent, s’animent entre elles pour offrir des compositions de plus en plus minimalistes, surréalistes et symboliquement riches. Les toiles m'apparaissent comme un ciel étoilé, à la fois complexe et merveilleux, où s’y perdre est bon.

    En ce début d’automne, je me réchauffe le cœur dans un fauteuil de cinéma face à Notre nature , un documentaire belge réalisé par Pim Niesten, Dick Harrewijn, Maria Lise Van Lente et Serge Leurs. Une heure vingt de film sont dédiés à la beauté sauvage des animaux avec lesquels nous cohabitons sur le territoire belge. Tout en visionnant des images époustouflantes réalisées avec des macros-objectifs, la voix de Typh Barrow nous conte de véritables histoires sur notre nature. Ainsi nous avons la chance de suivre la maternité d’une laie ou encore la vivacité des écureuils dans leur course effrénée d'approvisionnement avant la période d'hibernation. Cette réalisation montre également l’incroyable adaptation de certaines espèces dans nos zones urbaines ou encore la malice d’autres à se nourrir dans nos poubelles. Une hymne à notre nature, nous rappelant l'urgence à reconnaître la beauté de nos régions et d’en conscientiser sa somptuosité.

    Presque de Panayotis Pascot, décembre

    Que faire du poids de l’existence ? Pour Panayotis Pascot, cela semble évident : créer un one man show cathartique d’une heure vingt. Le nouveau spectacle du comédien est sorti sur Netflix en décembre. Panayotis puise une force comique dans la vulnérabilité humaine. Un spectacle à la fois lumineux et mélancolique sur la quête de soi, une expression nuancée des tumultes qui nous habitent. Presque est l’expression de nos sensations à éprouver, bien souvent, un manque de nous-même, comme si nous étions d'éternelles ébauches, fragmentées. Peut-être que la complétude se trouve dans l’acceptation de notre incomplétude ?

    Le talentueux comédien débite des anecdotes aussi intimes que farfelues sur son enfance, sa famille, ses relations amoureuses et ses émotions parfois incomprises et déboussolantes. Il n’y a pas de mode d’emploi pour gérer sa vie, chacun fait comme il peut avec ce qu’il a… et cela me semble être l’un des grands messages de ce spectacle. Panayotis nous invite à grandir ensemble avec l’humour nécessaire pour alléger nos drôles d’existences.

    La terre est plate de Jacques Lemaire, juin

    Découvert sur Karoo , La terre est plate est le récit poétique de Léon, un père en pleine crise existentielle voyageant en Antarctique avec pour but de prouver à tous que la terre est plate. Nous expérimentons cette expédition grâce à la voix du protagoniste s’adressant à sa fille à travers des messages vocaux. Léon raconte ses péripéties, ses rencontres et sa drôle d'aventure. Ce père voulant absolument accomplir de grandes choses est à bout de souffle, au bord de lui-même mais aussi rempli d'espoir. Nous avons très envie d’y croire, à son histoire… mais existe-t-il réellement une vérité observable, prouvable ? Jacques Lemaire , d’origine bruxelloise, professeur à l’université, nous livre des émotions bien particulières à travers ce récit d’une vingtaine de minutes. La terre est plate est la deuxième fiction de l’artiste questionnant le sens de la vérité.

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