Bienvenue dans la cour de jeu d’Arcane !
Après six ans de production et une sortie d’épisodes en trois actes sur la plateforme de streaming Netflix, la série d’animation Arcane réalisée par Pascal Charrue et Arnaud Delord voit le jour. Elle est aussi prenante par son visuel très qualitatif que par son scénario.
Tirée de l’univers du jeu vidéo League of Legend (déjà développé par la société Riot Games ), l’arc narratif d’ Arcane dépeint le destin de deux sœurs, Vi (Hailee Steinfeld) et Jinx (Ella Purnell). Ces dernières vivent dans la cité de Zaun (plus communément appelée l’Underground ) qui baigne dans une atmosphère malfamée et insalubre. A contrario, l’univers d’ Arcane nous présente la ville de Piltover, considérée comme l’Upper City. Dans cette cité aux allures steampunk victorienne où il fait bon vivre, les réalisateurs Pascal Charrue et Arnaud Delord nous présentent d’autres personnages tels que Jayce (Kevin Alejandro) et Viktor (Harry Lloyd), qui vont faire une découverte scientifique assez importante au point d’amener Piltover au statut de « Capitale du Progrès ».
Un visuel qui ne laisse rien au hasard
L’animation d’ Arcane a été entièrement réalisée et fabriquée chez Fortiche , studio d’animation français. Ce studio parisien avait déjà proposé des clips relatifs à l’univers de League of Legends notamment pour le titre « Get Jinxed » (composé par Christian Linke), tout en restant dans un style de jeu vidéo et non d’animation.
Pour la série, Fortiche a voulu livrer une animation qualitative au plan (les animateurs avaient une progression quotidienne de l’ordre d’une seconde) sans recourir à la motion capture . Une technique qui aurait permis un gain de temps considérable en restituant les mouvements et les déplacements des comédiens dans l’espace sur un ordinateur. Néanmoins, les actions des personnages affichent une très grande fluidité. Les scènes de combat sont un bon exemple, car celles-ci sont réalistes, chorégraphiées et jouent sur le détail en utilisant l’effet de ralenti. Ce souci du détail se retrouve aussi dans les expressions faciales qui sont très précises et efficaces dans la communication des émotions des champions.
Le style visuel est hybride, à cheval entre la 2D et la 3D. Ceci afin de donner au spectateur cette impression de volume et de contact au sol pour la 3D et de peinture (« concept art ») pour la 2D. L’immersion est d’autant plus renforcée grâce au cadrage en prises de vues réelles.
Une bande-son sur-mesure
Après quelques secondes d’introduction, le générique commence avec le titre « Enemy » du groupe rock américain Imagine Dragons. Les paroles illustrent la série avec des couplets parlant de conflit interne, de vengeance et d’opposition.
Tout comme Fortiche, Imagine Dragons avait déjà collaboré avec Riot Games pour les championnats du monde de 2014 de League of Legend avec l’une de leur chanson intitulée « Warrior ». Ils apprécient le jeu et connaissent les personnages, il ne manquait plus qu’ils participent à la série dérivée de l’univers du jeu.
Par rapport à la musique extradiégétique1 , les épisodes possèdent une variété de titres représentant les mondes dans lesquels les protagonistes évoluent. En effet, la ville de Piltove r bénéficie d’une musique orchestrale avec beaucoup de parties au violon pour servir son ambiance steampunk victorienne alors que Zaun baigne dans un accompagnement électronique hip hop.
Mais le meilleur est à trouver dans la musique intradiégétique2 . Le générique de fin mentionne d’ailleurs la présence de Ray Chen , violoniste australien, en tant que consultant, qui apporte une fidélité visuelle à ce qui est perçu à l’oreille. En d’autres termes, quand un coup d’archet est effectué musicalement, le personnage du violoniste (représentant d’ailleurs Ray Chen lui-même) change aussi de coup d’archet visuellement.
Un scénario bien exécuté, mais un peu trop classique
Malgré une animation et une bande-son assez rigoureuses, l’histoire écrite par Riot Games manque parfois de subtilité. La narration reste assez basique en se concentrant sur des schémas d’opposition (ville haute et ville basse par exemple) et de conflits entre les méchants et les gentils.
Pourtant, après la création du pilote, le développement scénaristique avait été jugé comme trop bancal par Riot Games. Ils ont donc décidé de réécrire tout le projet pendant un an et demi, mettant entre parenthèses l’avancée de près de 200 employés chez Fortiche sur l’ébauche qu’était Arcane . L’explication de cette narration conventionnelle se trouverait-elle dans la volonté de rendre la série accessible à tout public, y compris à ceux qui n’ont jamais joué à League of Legend ?
Néanmoins, la construction des personnages est bien amenée dans les deux premiers épisodes, servant de préambule de compréhension. À partir du troisième, leur évolution est suivie de manière équilibrée également afin de ne pas laisser un protagoniste de côté.
La deuxième saison est annoncée
Les créateurs d’ Arcane avaient tous les outils en main pour en faire une bonne série à succès : un univers de jeu vidéo connu, une collaboration déjà établie avec le studio d’animation Fortiche et le groupe Imagine Dragons et une distribution par la plateforme Netflix.
Malgré une certaine facilité narrative concernant le scénario, l’effort a surtout été mis sur l’animation et la bande-son qui font d’ Arcane une série à ne pas manquer. Avec une première saison de haut niveau, nos attentes pour la deuxième saison (prévue pour 2023) sont plus qu’élevées !