Blancaflor
Conte de fées féministe
Dans Blancaflor, La princesse aux pouvoirs secrets, Nadja Spiegelmann nous partage une version moderne d’un conte latino-américain, où la femme forte et indépendante est mise à l’honneur. Lorsque le jeune prince, plutôt incompétent, décide de relever les défis de l’ogre, Blancaflor remuera ciel et terre afin d’aider le prince charmant dans sa quête.
Blancaflor raconte l’histoire d’une jeune fille, enfant d’ogre et possédant des pouvoirs magiques. Comme dans tout bon conte de fées, le prince charmant arrive rapidement au sein du récit pour accomplir sa quête. Mais c’est ici que les choses changent ! En Europe, nous avons tous grandi avec les mêmes contes : Cendrillon, la Belle au Bois Dormant, Blanche-Neige… Tous partageant l’image de la demoiselle en détresse sauvée par son prince charmant. Dans ce cas-ci, Nadja Spiegelmann et Sergio García Sánchez inversent les codes et nous font découvrir Blancaflor, représentation parfaite de la femme forte de la culture latine, et ça, ça fait du bien ! Soudainement, c’est le damoiseau en détresse qui est sauvé par la princesse. Celui-ci, persuadé d’être l’homme le plus chanceux au monde, est plus que prêt à relever les défis que l’ogre a à lui proposer. À gagner ? La main de Blancaflor. À perdre ? La vie. Malheureusement pour le prince, c’est là que sa chance va tourner.
On découvre dans cette bande-dessinée l’image d’une jeune fille moderne dès les premières planches : Blancaflor ne rêve pas du prince charmant. Contrairement à ses sœurs, elle n’a pas comme unique but de devenir une princesse. C’est rafraîchissant de découvrir une jeune fille qui veut apprendre, qui a des capacités, ses pouvoirs magiques, et qui ne veut que les développer. Cette histoire est certainement une bonne influence pour toutes les petites filles à qui elle sera lue, ne les limitant pas uniquement à la recherche de l’amour, mais les poussant à développer leurs capacités.
À midi pile, le jour du premier défi du prince, toute la chance dont il bénéficiait jusqu’alors disparaît complètement. Blancaflor décide de voler au secours de son damoiseau en détresse, et de l’aider à réaliser toutes ses épreuves. Chaque nouvelle épreuve ne peut dès lors que nous donner le sourire, tellement l’innocence du prince le rend ridicule. Les illustrations plutôt enfantines de Sergio García Sánchez mettent d’ailleurs bien en avant l’incompétence du prince, ce qui nous fait d’autant plus rire. Le pauvre garçon est persuadé d’être toujours aussi naturellement chanceux, alors que son unique chance dans l’histoire, c’est d’avoir Blancaflor à ses côtés.
Si l’on retrouve de la modernité au sein de l’histoire, on en retrouve aussi dans sa forme. Les cases racontant l’histoire de Blancaflor ne sont en effet pas aussi organisées que dans une bande-dessinée classique. On remarque avec cela que ce sont souvent les éléments magiques qui sont mis en avant par cette forme, certains sortant carrément des cases. Et ce, quand il y a des cases, car ce n’est même pas toujours le cas ! C’est comme si le dessinateur voulait nous emmener dans son monde magique avec lui, et c’est plutôt réussi.
En plus de la bande-dessinée en elle-même, deux textes ont été ajoutés au début et à la fin du livre, écrits respectivement par F. Isabel Campoy, auteure de nombreux livres pour enfants, et Nadja Spiegelmann. Ces textes sont particulièrement appréciés puisqu’ils enrichissent fortement l’histoire féministe de Blancaflor, nous expliquant l’origine de l’histoire ainsi que nous partageant les enseignements que nous pouvons tirer encore aujourd’hui des contes de fées.
On avoue une petite déception sur la fin où l’on retrouve un schéma plus classique du conte de fées, alors qu’on aurait voulu la femme moderne jusqu’au bout. Mais à part ça, on a découvert à travers ces planches de BD un chouette conte rapide et facile à lire, qui, tout en gardant les fondamentaux du conte de fées classique, ajoute une touche de modernité en faisant de la femme la maîtresse de son destin, ce qu’évidemment, on adore !