Écrite et réalisée par Sebastian Dicenaire, la fiction audio Clinique de la Mémoire Morte , adaptée librement de La Jeune Vampire de J.-H. Rosny aîné, explore les thèmes de l’amnésie et de la recréation d’une identité : une pente glissante où jouer avec les souvenirs enclenche des effets pervers.
À la clinique Mnémosane, Hyppolite Polycarpe, en sa qualité de jardinier, o bserve les souvenirs de ses patients et aide ceux-ci à retrouver la mémoire. Un beau jour, un cas désespéré lui tombe sur les bras : teint cadavérique, amnésie totale. Hyppolite l’appellera Barbara et lui offrira de nouveaux souvenirs.
Pour suivre cette intrigue au format audio, la narration utilise principalement le système de la voix off pour une narration à la première personne. On entend donc la voix des deux personnages principaux (Hyppolite, doublé par Fabien Magry, et Barbara, interprétée par Marie Diaby), et, brièvement, la voix de quelques patients à travers les souvenirs de ces derniers. Le tout est ponctué de dialogues ainsi que d’interludes où la patronne de l’entreprise Mnémonase, Vita Lazarenko, est interviewée par rapport à sa clinique et aux traitements qui y sont prescrits.
La mise en son, ou mise en scène sonore, nous fait facilement entrer dans l’univers de la Clinique de la mémoire morte . Un travail sur les ambiances au moyen d’une musique lancinante et de bruitages évocateurs, recrée instantanément des lieux : chambre d’hôpital, grange de ferme, grève qui mène à la mer. Si la répétition de certains sons nous permet de bien situer différents moments comme le passage du réel aux souvenirs, les ellipses restent toutefois moins claires, dû certainement au passage du format podcast en quatre épisodes à une version ici rassemblée en un bloc. Quoi qu’il en soit, l’auditeur reste facilement accompagné dans sa représentation mentale d’un film imagé.
L’intrigue en elle-même se rapproche d’un épisode de Black Mirror . Comparaison facile, puisque le concept de base est une interrogation sur la technologie, ses possibles excès et détournements. Néanmoins, malgré de beaux moments de tension, on aurait aimé que Clinique de la mémoire morte explore davantage son potentiel de départ, se penche davantage sur les notions de souvenirs, d’identité et de propriété privée.
Finalement, en 50 minutes, Clinique de la mémoire morte nous aura embarqués dans son délire et nous aura bercés, parfois secoués, de sa mise en son. Un bon moment, mais qui laisse un goût de trop peu.