Paru en 2015, Dysfonctionnelle d’Axl Cendres faisait partie de ce que les blogueurs appellent ma PAL. Perdu et Avachi au Loin. Je l’ai extirpé un soir, recouvert de poussière, et me suis retrouvée happée, incapable de le refermer avant d’être arrivée au point final.
OK, j’exagère peut-être un peu, mais ce n’est que pour espérer rendre un peu à Axl Cendres ce qu’elle m’a donné : un pur moment de plaisir. Comme le dit si bien Zaza, la grand-mère de notre héroïne, à propos du pain perdu : « Tu vois, même avec une chose que tout le monde croit perdue, on peut faire quelque chose merveilleux. »
Fidèle vit au Bout du monde , un bar à tocards tenu par son père, avec ses six frères et sœurs : Dalida, la pimbêche, Alyson, la sensible, Marilyne, la rebelle, JR, le beau gosse, Jésus, le rédempteur et Grégo, le bagarreur. Elle est la digne héritière d’un père kabyle qui a le « don » de se retrouver régulièrement au mauvais endroit au mauvais moment, ce qui le mènera à de multiples reprises à la case prison, sans passer par la case départ, et d’une mère polonaise à la beauté incroyable mais victime d’un passé douloureux qui lui rongera le cerveau et lui occasionnera de multiples allers-retours à l’asile. Car oui, Fidèle vit dans une famille dysfonctionnelle, une famille qui « ne marche pas comme il faut, mais qui tient debout quand même », une famille qui se serre les coudes… Sauf quand il est l’heure de manger, alors là, c’est chacun pour soi.
Contrairement à ses frères et sœurs, Fidèle a reçu un don à la naissance : une intelligence particulière doublée d’une mémoire photographique qui l’extirpera de son milieu d’origine pour l’envoyer sans escale dans un lycée des beaux quartiers de la rive gauche à Paris, au milieu de centaines d’Apolline, Augustin et autres Éléonore.
Dans ce nouvel environnement, elle côtoiera les familles les plus fonctionnelles qui soient, des familles de médecins de père en fils et de mère en fille, des familles dans lesquelles le soir, la discussion est reine… Mais à un aucun moment, Fifi (oui, rien, même le surnom idiot, ne lui est épargné) ne regrettera la sienne. Et c’est là qu’à sa plus grande surprise, elle rencontrera le grand amour, celui qu’on ne rencontre qu’une seule fois, celui qui permet de panser les plaies secrètes profondément enfouies pour continuer à avancer.
Loin de vouloir philosopher ou juger l’un ou l’autre « type » de famille, Axl Cendres, également auteure de la Drôle de vie de Bibow Bradley, nous offre un magnifique moment de lecture avec des personnages follement attachants et des situations qui nous font passer du rire à l’émoi en quelques pages.