Durant cette période difficile qu’est le confinement, des initiatives fleurissent un peu partout sur la toile afin de rendre accessible, dans une certaine mesure, de la culture et de l’art que la fermeture des musées, cinémas, théâtres et autres librairies a rendu temporairement hors d’atteinte. D’autres projets inédits voient également le jour, comme la #CoronaMaison, sur Twitter depuis le 15 mars.

L’idée est très simple : créer, virtuellement, un cadavre exquis géant sous la forme d’un immeuble infini, dont chacun·e est invité·e à dessiner un étage. C’est l’initiative originale de Pénélope Bagieu, Oscar Barda et Sandrine Deloffre (Garage Deloffre) : très vite, l’idée suscite l’enthousiasme sur Twitter, et Timothy Hannem (Tim) propose un template de pièce, vide à l’exception d’un escalier, pour lier les différents étages entre eux.

Dire que l’initiative rencontre  un succès serait un euphémisme : avec des milliers de contributions dépassant largement la francophonie (le New York Times, notamment, mentionne le hashtag dans un article sur les créations liées au confinement dans le monde ) sur Twitter et Instagram et aujourd’hui un site dédié développé par Benoît Luce et Antonin Segault.

Le cadavre exquis, inventé par les surréalistes en tant qu’exercice de création littéraire, est aujourd’hui plus souvent considéré comme un jeu pour enfants que comme un mode d’expression artistique. La coronamaison permet de rejoindre ces deux extrêmes : n’importe qui peut y contribuer, du dessinateur·trice professionnel·le à l’enfant dont les parents cherchent désespérément de quoi l’occuper en ces semaines sans école. Aussi les réseaux sociaux sont aujourd’hui remplis d’œuvres les plus diverses, dessins sur papier ou numériques, parfois animés, mais également pièces créées virtuellement sur Les Sims, constructions en LEGO ou en carton… Certain·e·s en profitent également pour partager un exemplaire sous forme de coloriages, pour fournir gratuitement des coloriages pour les enfants (ou les adultes) voulant passer le temps : les plus populaires d’entre eux sont recensés sur un site à part .

Cette compilation gigantesque de dessins est une belle occasion de découvrir des illustrateurs·trices ; mais, plus généralement, il est particulièrement appréciable de voir durant ces semaines particulièrement anxiogènes des initiatives qui recréent du lien et qui tentent, le temps d’un dessin, de tirer du positif de la situation. Les contributions sont aussi diverses que les réactions face au confinement : certain·e·s y expriment leurs angoisses, d’autres offrent un échappatoire en présentant des cadres rêvés, des plus simples aux plus extravagants, seul·e ou en groupe, calme ou festif. Et vous, à quoi ressemblerait votre coronamaison ?